Zazen stoppe l’activité mentale

2024 03 15 activite mentale
Kusens de Maître Kosen
Zazen stoppe l’activité mentale
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Le premier effet de la posture de zazen, c’est de nous donner la possibilité d’arrêter le mental. Comment arrêter le mental ? On ne peut pas arrêter le mental avec le mental. On ne peut pas se dire : « Tiens, je vais arrêter de penser ».

Mais c’est possible quand on prend la posture correctement et spécialement, quand on tend bien la nuque. La position de la tête a une incidence sur la conscience et sur les différentes parties du cerveau, qui sont stimulées ou mises en repos.

De même, on rentre le menton, mais pour quoi faire ? On rentre le menton parce que le toute la face, le cerveau frontal va rentrer, va se taire. La conscience va s’élargir, on ne sera plus dans la pensée.

Ce n’est pas comme le penseur de Rodin, avec la tête en avant, appuyée sur sa main, le coude sur le genou. Ça, c’est la position du mental.

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Dès le moment où on change sa posture, on change sa conscience. On s’aperçoit qu’il y a d’autres sortes de pensées que la pensée mentale. Et en particulier la pensée du corps.

La pensée du corps, on ne l’a pas seulement pendant zazen. Par exemple, quand on regarde jouer les grands footballeurs, comme Maradona par exemple, on s’aperçoit que la pensée du corps est magique. Elle touche l’esprit beaucoup plus que la pensée mentale.

Une phrase de Nisargadatta Maharaj dit :

Le mental creuse un abîme, mais le cœur sert à traverser cet abîme.

Donc le mental c’est utile. Par exemple pour faire ses comptes, pour calculer, pour réfléchir à un projet concret dans le futur. Pour plein de choses. C’est un outil.

Mais il y a d’autres façons de penser, notamment celle du cœur, qui est beaucoup plus centrale, qui fait appel au corps tout entier, à l’esprit tout entier. C’est le lien entre le corps et l’esprit.

Le cœur donne la joie et l’amour. S’il n’y a pas d’amour, tous les efforts qu’on fait ne servent à rien. On pourra même s’améliorer, avoir des éveils, le satori, tout ce qu’on veut : s’il n’y a pas d’amour, ce n’est pas la peine de se fatiguer. C’est stérile, sans amour.

Je parlais du chakra racine. Le chakra racine est le point qui se trouve entre le sexe et l’anus, le périnée. C’est un point important. En chinois, on l’appelle le point Hui Yin, le point de la vie et de la mort. C’est le point qui est en contact avec le zafu. On n’est pas assis sur ses fesses, mais sur le périnée, sur le haut des cuisses.

On prend racine comme un arbre, par ce point-là. Ça s’enfonce comme des racines dans la terre. Il y a un méridien qui s’appelle le Chong Maï, qui traverse le corps à partir de ce point racine, jusqu’au sommet du crâne, jusqu’à la fontanelle.

C’est un méridien essentiel, parce que c’est comme une autoroute, comme une colonne, qui va du centre de la Terre. Or, nous appartenons à la terre, nous sommes comme des arbres. Seulement visualiser ou imaginer ce méridien qui se relie au centre, à l’énergie du centre de la Terre, c’est puissant. Il traverse le corps de bas en haut ou de haut en bas, il sort par la fontanelle et il va au centre du cosmos, au centre de la galaxie.

On sait bien que le centre de la galaxie, c’est un trou noir. Un trou noir, qu’est-ce que c’est ? C’est une matrice. Quand on est dans la matrice, dans le ventre de sa mère, avant de naître, il n’y a rien. Il fait tout noir, il n’y a pas d’objet. On ne distingue pas d’objet, on ne peut pas attraper quoi que ce soit, mais on a tout. On est complètement satisfait, rassasié, calme, en sécurité.

Pour nous, c’est un passage de neuf mois qui marque notre conscience. Si bien que quand on arrive à la lumière, à la vie, quand on sort du ventre de la mère, c’est une grande angoisse, d’être sorti de cette sécurité, de cette protection, de ce point zéro où il y a tout en potentialité. Il y a l’amour, il y a à manger et à boire…

Par la suite, toute sa vie, on recherche cet endroit dont on a été séparé. C’est pour ça que l’on fait zazen, entre autres. Parce qu’en zazen on retrouve cette complétude.

Sensei Deshimaru disait :

Zazen n’est pas une condition spéciale. Zazen, c’est le retour aux conditions originelles.

C’est de là d’où on vient.

Quand on relie notre corps au cosmos en zazen, dans la position du Bouddha, ça raconte de grandes et belles histoires.