Une posture très ancienne

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Kusens de Maître Kosen
Une posture très ancienne
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Zazen est une posture très ancienne, connue par l’être humain depuis avant même l’Antiquité. Elle a été expliquée dans des textes extrêmement anciens, comme la Bhagavad-Gita ou les Vedas. On a retrouvé des vestiges préhistoriques aussi bien en Europe qu’en Russie, c’est-à-dire avant même les civilisations indiennes, avant même l’existence du Bouddha historique Shakyamuni Bouddha, prouvant que cette pratique existait depuis la préhistoire.

Aujourd’hui, dans notre civilisation moderne, on l’appelle la posture de Bouddha ou, en japonais, la posture de zazen. Za, ça veut dire s’asseoir et zen, ça veut dire connecter. Donc, se connecter, c’est l’essence de la religion, puisque religion ça veut dire relier.

Maître Dôgen explique que dès le moment où on s’assoit dans cette posture du Bouddha, dès les premières secondes, la conscience change. La conscience de zazen n’a plus rien à voir avec la conscience ordinaire de la vie de tous les jours.

fred zazen

Il y a eu beaucoup de recherches scientifiques qui ont été faites, notamment au Japon, pour attester de ce fait. On a mesuré les ondes cérébrales lorsqu’on s’assoit dans la posture. L’enseignement donné aux disciples avant toute chose consiste à enseigner, répéter, ajuster, approfondir, intégrer la posture correcte. Seulement la posture, la posture, la posture. On répète, on devrait répéter ou peut-être se faire une liste des points importants jusqu’à ce que ça soit tellement intégré par le corps, qu’on n’ait plus besoin d’y penser.

Mais même encore là, même après 30 ans, 40 ans de pratique, on est encore en train de vérifier si la position des pouces, la position des mains est correcte, la position du bassin, la cambrure lombaire, la position de la tête, de la nuque est correcte. Si la position du regard, des yeux, des oreilles, de la langue est correcte. Si la tension musculaire, la tension nerveuse est correcte, la respiration. Et alors enfin, on découvre la conscience du zazen calme, transparente, suivant le rythme universel. On se connecte à l’univers au moyen du souffle, de la respiration. C’est notre échange constant.

On échange par l’inspiration, on reçoit, on se nourrit, on exprime par l’expiration, on se vide, on communique. Il y a un échange constant. Le souffle ce n’est pas la respiration, ce n’est pas seulement de l’oxygène, ce n’est pas seulement de l’air, c’est aussi de l’énergie vitale, pour nous. L’énergie, ce n’est pas seulement une nourriture, c’est aussi une information. Toute énergie contient en elle-même une information, donc c’est un échange d’informations.

Le lotus

La posture du lotus est tout à fait tout à fait spécifique. C’est une posture dans laquelle on ne peut pas s’échapper, on ne peut pas courir, marcher, on est assis, mais malgré le fait qu’on soit assis, on n’est pas assis comme dans un fauteuil, on est dressé. La plus forte énergie se mélange au calme le plus profond, les deux en même temps. Quand on a étudié les ondes cérébrales pendant zazen, on s’aperçoit aussi que les ondes du sommeil profond s’expriment pendant zazen en même temps que les ondes de l’éveil.

L’esprit

L’esprit est alerte, éveillé dans le sens alerte comme un animal à l’affût, complètement éveillé. Simultanément, les ondes du sommeil profond se manifestent, et c’est pareil dans le processus musculaire, surtout au niveau des jambes. Si vous prenez la posture du lotus complet, plus vous relâchez la tension musculaire dans les jambes, plus vous relâchez les jambes, plus vos genoux vont s’enfoncer, vont s’imprimer dans le sol, et plus votre colonne vertébrale va se dresser, plus votre corps va se dresser. Plus vous relâchez, plus vous tendez.

La conscience

Au niveau de la conscience, pour les débutants, revenez aux points essentiels. Poussez la terre avec les genoux. C’est très important. Poussez le ciel avec la tête, le bassin naturellement basculé vers l’avant, pour dégager la masse abdominale et le plexus solaire. Mais la cambrure ne doit pas être exagérée. Le sacrum doit être aussi bien dressé. Il y a beaucoup d’énergie dans le sacrum. La position de la tête aussi, de la nuque. Le cerveau reptilien doit être dégagé, la nuque étirée, ouverte, le menton rentré. La tête ne doit pas pencher en avant. Les épaules et les oreilles sont sur un même plan. Le nez, le nombril sont sur une même ligne. Le périnée et la fontanelle sont sur une même ligne.

Les mains

Maître Deshimaru a toujours dit que les mains et les doigts étaient en profonde relation avec le cerveau. La position des mains doit tendre vers la perfection. Elle a un potentiel extraordinaire. La main gauche doit être posée dans la main droite. Le majeur de la main gauche doit surplomber le majeur de la main droite. Les doigts décontractés. Les pouces doivent être en contact l’un avec l’autre. Un contact très doux et très subtil, très sensuel, comme si vous touchiez un bout de soie. Les pouces se joignent à l’horizontale, exactement à l’horizontale. Ils ne doivent former ni montagne ni vallée. La position des mains doit former un ovale comme un œuf et les mains doivent être posées à plat. Vous pouvez utiliser les manches de votre kimono ou bien vous pouvez utiliser un tissu ou un petit coussin, de manière à ce que les mains soient posées à plat à l’horizontale. Pas qu’elles penchent. Qu’elles soient bien calées contre l’abdomen.

Les bras doivent être toujours décontractés et les coudes légèrement écartés du corps. Les épaules doivent tomber vers le bas.

Attention et tension

« L’attention », en un seul mot ou en deux mots, « la tension » ou « l’attention ». Trop nerveux, trop de pensées : en japonais, ça s’appelle sanran. À l’opposé, kontin, en japonais : avoir tendance à s’endormir. Pas de pensées, mais on s’endort. Quand vous êtes en kontin, forcez-vous à ouvrir les yeux. Dans la description de la posture de zazen, on dit que les yeux doivent rester ouverts. Parfois, les fermer peut aider à la concentration profonde, spécialement sur la respiration. Mais si on en prend trop l’habitude, on sombre dans la tension kontin. Si on est trop réveillé, trop conscient, trop de pensées, ce n’est pas bon non plus.