Quel est le rythme de la marche méditative ?

quel est le rythme de la marche meditative
Mondo - questions à un maître zen
Quel est le rythme de la marche méditative ?
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Published: 27/01/2017 | Updated: 23/06/2024

– Comment synchroniser respiration et nombre de pas pendant la marche méditative ? Je crois me souvenir qu’on m’avait appris que c’est lié au pied. J’ai l’impression que la plupart des gens doublent les pas, et moi, naturellement, j’aurais envie de ne pas le faire.

– Au niveau du rythme, j’ai compris pourquoi ils doublent : ils ne font pas la petite pause. En kin-hin, la petite pause est fondamentale. Si vous faites la petite pause, c’est-à-dire si vous vous reposez un peu en haut de l’expiration et en haut de l’inspiration, vous êtes dans le rythme. Idéalement, on ne double pas les pas, on maintient juste le rythme lui-même.

Maître Nyojo, le maître de Dogen, disait que le Bouddha lui-même avait dit qu’on ne devait pas doubler les pas. Donc, l’idéal est de rythmer exactement la respiration. Pour cela, à la fin de l’expiration, il faut laisser un petit temps d’arrêt durant lequel on fait le pas, puis un autre petit temps d’arrêt, et là on est bien dans le rythme. En plus, on se fatigue beaucoup moins.

J’ai fait l’expérience de faire kin-hin un peu plus longtemps. L’avantage, c’est que j’avais déjà vécu ça dans un autre exercice avec un autre maître qui consistait à marcher longtemps les yeux bandés. On ne voyait rien, donc on devait marcher, avancer, etc. C’était crevant, surtout à cause de la position des mains. Alors qu’en kin-hin, c’est plus confortable. Mais si on fait zazen et kin-hin longtemps, cela fatigue une autre partie de nous-mêmes, une partie active.

J’ai appris dans la médecine chinoise que pour soigner l’excès d’activité, il faut du calme. Donc, quand vous faites zazen et kin-hin longtemps, vous êtes crevé. Vous commencez à avoir mal au dos, aux épaules, aux mains, aux bras. Si on fait kin-hin pendant une demi-heure ou une heure, les gens vont être épuisés et n’auront qu’une envie : s’asseoir en zazen.

Quand vous vous asseyez en zazen après un long kin-hin, c’est complètement complémentaire. Vous ressentez une détente et un abandon incroyable, et vous avez envie de vous asseoir en zazen. Après une heure de zazen, ça commence à vous picoter désagréablement. Vous aurez envie de vous lever, de bouger vos jambes, car vous avez mal. Les deux pratiques sont donc complémentaires.

Comme on fait très peu de kin-hin, on ne s’en rend pas compte. Dorénavant, dans les sesshins, je vais proposer des kin-hin un peu plus longs pour que les gens soient contents de se rasseoir et pour libérer certaines tensions dans le zazen. Votre question est très bonne, et elle n’est pas nouvelle, puisque même Maître Dogen, il y a 1400 ans, posait déjà ce problème.