Radicalité de zazen

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Kusens de Maître Kosen
Radicalité de zazen
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Ça fait quelque chose comme quarante-huit ans que je pratique le zazen, et je m’aperçois qu’on parle beaucoup de radicalité. On entend beaucoup cette expression dans les informations : les jeunes qui sont radicalisés.

Nous sommes tous un peu honteux, un peu gênés, qu’on soit ou non musulmans, par cette représentation mondiale de la religion, d’une telle violence.

Mais je m’aperçois que zazen est complètement radical. C’est une façon radicale d’entrer dans la spiritualité, puisqu’on y engage totalement tout le corps et tout l’esprit. C’est tellement fort qu’on en oublie même le nom de la religion.

Si on réussit à rentrer véritablement dans la posture, à s’abandonner totalement à cette posture, on est radicalement relié à notre divinité. On est tellement radicalement relié à notre divinité, qu’on ne la voit pas. Si on la voyait, on serait encore divisés entre l’observateur et la chose observée. On ne la voit pas, on l’est, on l’incarne, on la respire.

outdoor zazen

C’est important la respiration ici. Essayez de bien relâcher les jambes, de bien positionner le bassin, de bien étirer la nuque, de rentrer le menton.

Maintenez votre attention également sur la position des pouces : ils ne doivent pas tomber vers le bas ni monter vers le haut, mais rester bien horizontaux. Bien sûr, les mains sont décontractées. Le majeur de la main gauche est superposé au majeur de la main droite. Les mains forment un ovale. Les pouces restent bien horizontaux, en contact, mais pas trop serrés, et vous gardez toujours le contact entre les deux pouces pour décontracter les bras et les épaules. Les genoux s’enfoncent doucement dans le sol.

Le sommet du crâne pousse doucement le ciel. Vous avez l’impression que tout s’ouvre. La fontanelle s’ouvre. Vous ne respirez pas seulement par les poumons, mais par tout le corps. Tous les points du corps, tous les organes du corps sont reliés au cerveau.

Vous pouvez respirer par n’importe quel endroit du corps. J’ai dit qu’on prenait conscience de la latéralité. On prend conscience aussi des notions de tension et de détente, de force et de relâchement. Elles sont intimement liées. Quand vous abandonnez, quand vous lâchez, vous acquérez de la force.

Maître Deshimaru disait toujours : « Embrassez les contradictions ». Vous allez embrasser les contradictions entre force et relâchement.