L’éducation zen

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Kusens de Maître Kosen
L'éducation zen
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En japonais, sanko signifie la formation zen. Si vous dites à quelqu’un : « Je pratique le zen », il va vous demander : « Mais qu’est-ce que c’est? C’est une religion ? C’est un art martial ? C’est une méditation ? » En japonais, on appelle ça la formation zen, sanko.

Ça n’est pas une formation d’élite se concrétisant à travers un entraînement poussé à l’extrême. On dit qu’un seul disciple suffit. Il faut bien comprendre que l’éducation, dans le zen, ne se fait pas seulement par ses propres efforts, par sa propre volonté, par sa propre intention.

C’est différent de l’Église catholique. C’est différent d’une église. C’est différent de l’éducation militaire qui force à obéir. Alors que dans le zen, on saute par soi-même, par conviction. On se lance dans la difficulté.

Maître Deshimaru ne nous a jamais donné d’ordre. Il n’a jamais dit on va faire ça, on va faire ci. Mais c’est tous les disciples qui lui ont demandé d’être formés. Il nous a parlé pendant un kusen de la soupe de riz traditionnelle, la gen-maÏ. C’est nous qui lui avons demandé ça : « – Pourquoi on ne pourrait pas prendre la gen-maï le matin ? » « – Vous voulez prendre la gen-maï le matin ? D’accord. »

gen mai
Gen-maï

Après il nous a parlé des prosternations en sanpaï. « – Nous aussi, on aimerait bien expérimenter sanpaï ! » « – D’accord, on va faire les sanpaï. »

Le temple de la Gendronnière, c’est pareil. Il m’a demandé personnellement : « Vous seriez prêt à venir travailler dans ce temple ? » On avait un temple à Avalon.

Je lui réponds : « Mais non seulement moi je serai prêt à venir, mais tous mes copains, tous les jeunes, ils seraient prêts à venir travailler ! »

 » – D’accord. Alors on laisse tomber Avallon, on va acheter un château, et vous allez pouvoir travailler. »

C’est toujours les disciples qui créaient. Lui, il répondait « – D’accord, si vous êtes motivés, on y va. » Jamais il n’a dit : « Moi, je veux un château maintenant ». Jamais il n’a dit « Je veux. À partir de maintenant, on mangera de la soupe de riz tous les matins. »

Il y a quelques siècles, au Japon, les militaires voulaient imiter les temples zen. Ils étaient en admiration devant le temple de Eihei-ji, ce grand temple où règne une telle autorité, un tel ordre, une telle perfection.

Donc, les samouraïs de l’époque ont voulu imiter Eihei-ji, imiter la vie des moines. Mais finalement, ils se sont trompés, car la source, la base de l’enseignement, avait un but différent. Chez les militaires, on éduque pour tuer. Dans les temples, on enseigne à chacun à aider les autres. À aider toute l’humanité à rechercher la Voie.