Zazen, ce n’est pas une manière de s’anesthésier, mais de prendre le contrôle sur son énergie et sur sa pensée.
Pour prendre le contrôle sur son énergie, il faut prendre le contrôle sur sa respiration pour prendre le contrôle sur sa pensée et les émotions et les pensées motivées par les émotions.
Il faut arrêter de penser. La non-pensée, ça ne veut pas dire dormir. Pour comprendre la pensée, il faut connaître la non-pensée. À partir de là, les moines zen devraient être des penseurs, c’est-à-dire des gens qui ont les idées claires, qui savent discerner le vrai du faux instantanément.
Quand on voit les événements qui ont lieu actuellement, on se rend compte que personne n’a plus les idées claires. Tout le monde est en train de demander à droit, à gauche : « qu’est-ce qu’il faut penser, comment faut-il penser ? » On nous rabat la tête avec des slogans et des paroles vides.
Il ne s’agit pas d’avoir une idée toute faite ou d’être fanatique, mais de savoir déjà se positionner en tant que corps et esprit. Simplement ça : positionner sa posture, régler sa conscience, sa respiration. Ensuite, la réalité apparaît clairement et simplement, et c’est ce dont les gens ont besoin : de voir les choses clairement et simplement.
Pour illustrer mes propos, je veux vous raconter deux histoires toutes simples.
Sensei Deshimaru nous racontait l’histoire d’un maître zen qui le matin, quand il se lavait les dents et le visage, faisait gassho devant son reflet. Il disait :
Bonjour, maître. N’oublie pas : ne te laisse abuser par personne.
Il faisait gassho et il partait commencer sa journée.
Un autre exemple de la pensée claire. Quand on dit être un penseur, ça ne veut pas dire être compliqué, ça veut dire avoir la pensée claire.
Lorsque maître Dogen est revenu de Chine, on lui a demandé : « Qu’est-ce que vous avez appris en Chine ? Qu’est-ce que le zen ? Qu’est-ce que la pensée zen » ? Il a répondu :
Les yeux horizontaux, le nez vertical.
Ça, c’est la pensée claire.