S’abandonner au zazen

95
Kusens de Maître Kosen
S'abandonner au zazen
Loading
/

Le lotus complet nous amène plus facilement à l’équilibre qu’est la posture de zazen que la posture du demi-lotus ou du quart de lotus. C’est ce que les gens ont du mal à comprendre avant de l’avoir réalisé avec leur corps.

La méditation, le zazen, ce n’est pas quelque chose que l’on fait soi-même, comme « je médite avec mon cerveau ». Dans la bonne posture de zazen, on doit pouvoir s’abandonner vraiment. On doit pouvoir lâcher, surtout au niveau des jambes.

Les points importants sont :

  1. d’avoir un bon zafu à la hauteur correcte pour permettre une bascule correcte du bassin.
  2. que les genoux doivent véritablement être enracinés dans la terre.

Ainsi, on est bien planté avec les genoux et le bassin basculé. C’est primordial.

Cette posture est plus facile à atteindre en lotus qu’en demi-lotus. De cette manière, vous pouvez vraiment lâcher toute tension et ne rien faire. Il n’y a rien à faire, on doit s’abandonner.

Tant qu’on fait quelque chose, cela reste une sorte de gymnastique. Si la posture n’est pas correctement prise, on ne peut pas détendre la masse abdominale ni correctement relâcher toute la zone du plexus solaire.

C’est ce que je répète tout le temps : c’est physiologique avant tout. Le zazen est physiologique, ce n’est pas mental. Maître Dogen le dit clairement : il y a deux points essentiels dans le zazen.

Le premier, c’est « shinjin datsuraku » : « shinjin » signifie corps-esprit. Aujourd’hui, tout le monde sait, grâce aux connaissances scientifiques, que la matière est énergie et que le corps est esprit. Maître Dogen disait déjà il y a sept siècles « shinjin » en un seul mot, c’est-à-dire corps-esprit.

Nous savons qu’il y a beaucoup de connexions neuronales dans le cerveau, mais aussi énormément dans l’intestin et dans tout le corps. La conscience est connectée de manière neuronale.

« Shinjin » signifie corps-esprit et « datsuraku » veut dire se dépouiller.

Nous avons trois consciences fondamentales dans le corps humain :

  1. le cerveau ; la position de la tête a une grande influence sur la conscience ;
  2. le cœur ;
  3. les intestins.

Dans le zazen, ces trois consciences sont totalement sollicitées, mais nous n’en faisons rien, nous les lâchons, nous nous en dépouillons. Vous savez ce que cela signifie se dépouiller, comme enlever une chaussette ou la peau d’un animal.

abandonner au zazen

Prenez la posture correctement, avec une bascule correcte du bassin, un zafu parfaitement adapté à votre taille et à votre morphologie, et rapprochez-vous le plus possible de la position du lotus, avec les genoux plantés dans le sol. Ensuite, il ne reste plus qu’à respirer doucement et naturellement. Le corps se dépouille, le corps-esprit se dépouille naturellement. Ce n’est pas seulement de la relaxation, c’est véritablement que vous lâchez les connexions. Cela fait vraiment du bien et change quelque chose de profond en vous.

Hier, je discutais avec mon oncle qui était un disciple de Maître Deshimaru. Mon oncle est toujours un moine. Il me parlait du bouddhisme, et je lui disais que le bouddhisme en tant que religion ne m’intéressait pas.

Pour moi, le bouddhisme, c’est le zazen. Mais le zazen dépasse les limites d’une simple religion. Je le vois plutôt comme un patrimoine de l’humanité. C’est pourquoi je pense que l’enseignement de Maître Deshimaru est totalement précieux, car il dépasse les limites du bouddhisme.

Les maîtres de la transmission ont transmis l’essentiel, vraiment l’essentiel du bouddhisme, qui pourrait s’adapter à n’importe quelle société.

Mais il n’y a rien de plus facile que de se tromper. D’ailleurs, on se trompe.