Interview Radio FM Plus de Maître Kosen par Natacha Belhem

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Kusens de Maître Kosen
Interview Radio FM Plus de Maître Kosen par Natacha Belhem
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Maître Kosen : – Moi, je ne suis rien. Je suis un être humain qui pratique la méditation du Bouddha. C’est apprendre à penser avec le corps. Dès qu’on apprend à penser avec le corps, la conscience change. Parce que le cerveau peut se reposer.

Et on s’aperçoit que le corps est beaucoup plus universel qu’il n’y paraît. On ne sait pas ce qu’on cherche. Et on s’aperçoit qu’on l’a déjà trouvé. La conscience, l’existence et le silence. Et la nuit noire et silencieuse où aucune chose n’existe. Dans le zen, on préconise des actions simples et une vie simple de tous les jours. Pas trop déséquilibrée dans un sens ni dans l’autre. Et on se contente de de petits bonheurs tout simples.

Natacha : – Qui sont de grands bonheurs ?

Maître Kosen : – Oui, parce que dans la « vie ordinaire« , on ne se rend pas forcément compte de leur existence. Ou alors ça nous paraît quelque chose qui n’a aucune valeur. Il y a un petit déclic à trouver. L’homme et la femme doivent le trouver tous les deux en même temps. Donc c’est à la femme à réapprendre cela à l’homme. Parce que l’intelligence, qu’est ce que c’est ? C’est la famille, c’est les enfants. À 20 ans, je voulais devenir chanteur de rock ou moine zen.

Natacha : – On est toujours happé par un ailleurs, et on est rarement satisfait du moment présent ?

Maître Kosen : – Au cours d’une vie qui dure entre 70 et 90 ans. Il y a une chose qu’on peut découvrir : c’est le temps d’une vie. Parce qu’à 20 ans, le temps n’est pas le même qu’à 60 ans ou à 50 ans. Il y a un temps, une vérité. Une vérité qui n’est pas la même quand on est jeune, ado, bébé.

maitre kosen zazen
Maître Kosen en zazen

Natacha : – Est-ce qu’on ne ralentit pas le temps, en méditation ?

Maître Kosen : – On se rend compte de son élasticité et de son manque de patience. Moi, je n’ai aucune des qualités d’un maître ou d’un moine zen. Comme je n’ai aucune de ces qualités, je m’en suis imprégné le plus possible de mon vivant. On trouve la sagesse, des maîtres n’importe où, pas forcément dans des sectes ou dans des églises.

Natacha : – Il y a beaucoup de gens qui ont peur des sectes.

Maître Kosen : – C’est un peu superficiel. C’est de bon ton d’avoir peur des sectes. En même temps, quand on veut faire quelque chose profondément… Par exemple, un pianiste va être obligé de bosser une dizaine d’heures par jour. Et il va entrer dans la secte des pianistes.

Natacha : – Mais ne perd-on pas tous la mémoire ? Est-ce qu’il n’y a pas une partie de nous qu’on doit laisser partir ?

Maître Kosen : – La mémoire, c’est une connexion. C’est deux trucs qui se connectent. Et quand ils sont connectés, ils s’informent mutuellement. Et quand on vieillit, les connexions s’abîment. Quand on pense trop à un truc, les connexions, ça s’use tout simplement. Alors elles s’enclenchent mal.

Natacha : – Est-ce que la méditation ne permet pas de dépasser cet aspect très matérialiste ?

Maître Kosen : – Pendant la méditation, on oublie et on prend de l’ampleur sur nos pensées. Ce n’est plus la pensée quotidienne, la prise de tête. Les complications cérébrales sont remplacées par une pensée plus large, basée sur l’être profond, la posture. On appelle ça la posture et c’est vachement important. Posture, respiration, attitude de l’esprit. C’est les trois trucs importants dans le monde des Bouddhas. Nous sommes des Bouddhas, mais nous ne le savons pas. Pour le savoir, il faut le pratiquer.

Natacha : – Se souvenir ?

Maître Kosen : – Non, le Bouddha n’a pas besoin de se souvenir. Le début du Shodoka dit : « L’homme qui a tout oublié ». Il est là, il a tout oublié. Est-ce qu’il est éveillé ? Bien sûr, on s’éveille dans le silence.

Natacha : – Il y a une partie féminine et masculine en chacun ?

Maître Kosen : – Un homme et une femme, ce n’est pas pareil. Tu devrais aller regarder ! Ce sont deux êtres différents. Si ça se trouve, il y a des planètes où il n’y a que des femmes ou que des hommes.