Pause

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Kusens de Maître Kosen
Pause
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Et justement, Maître Sosan explique : « Illuminer sa propre intériorité ». Donc pendant le zazen, on place le regard à l’intérieur. On se regarde soi-même. Donc dès le moment où on se regarde soi-même, où on s’observe soi-même, c’est ce qu’on appelle l’illumination. Quand on ouvre les yeux, ça s’illumine. Illuminer sa propre intériorité par la lumière du vide ne nécessite pas l’usage de la puissance de l’esprit, ni de la puissance du corps.

Là je vous parle de la posture, mais l’esprit et la posture, c’est pareil. C’est-à-dire que pendant zazen, on pense complètement avec le corps. Quand vous avez une belle posture, bien équilibrée comme j’en vois dans le dojo, vous n’êtes plus dans le mental. C’est ce que Sosan appelle « Voir la lumière du vide« . On observe la réalité, mais sans aucun déséquilibre. On n’est plus dans le plus ou dans le moins, dans la comparaison. On est dans le silence.

À ce moment-là, c’est bien d’observer sa respiration. On a une première inspiration quand on naît, une dernière expiration quand on meurt. Dans le ventre de sa maman, on connaît la respiration embryonnaire. Mais quand on sort du ventre, il faut respirer. Ça commence. Inspiration, expiration. Les contraires apparaissent. Le temps est ponctué par notre respiration.

pause zen

Dans notre civilisation moderne, on veut montrer toujours qu’on a à peine fini son inspiration qu’on va expirer. « Vous inquiétez pas, je ne perds pas mon temps, je suis overbooké, j’ai plein de trucs à faire ! Faut que je produise : la croissance, la croissance ! »

Pendant zazen, au contraire vous avez le droit de faire des pauses. Les Français aiment bien faire des pauses, c’est bien. Les pauses, c’est fondamental, même dans la musique.

Donc à la fin de l’expiration, vous faites une pause. Peu importe la longueur. On parle d’espace infini, en fait. Même si vous faites une pause d’un quart de seconde, on fonctionne beaucoup mieux avec des pauses. Et automatiquement, l’inspiration va se déclencher. Inspiration. On fait une pause pour observer le point de vue. Et on expire profondément. La posture de zazen en lotus ne bouge pas, on peut complètement abandonner. Mais la respiration n’est pas quelque chose d’anodin. C’est un mouvement. Et tout mouvement nécessite une pause. Et toute pose engendre un mouvement.