59e poème du Shin Jin Mei

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Kusens de Maître Kosen
59e poème du Shin Jin Mei
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Pendant zazen, la respiration est l’inverse de la respiration de la vie ordinaire, quotidienne. On place son attention sur l’expiration. On expire d’abord et ensuite on laisse l’inspiration se faire automatiquement. Donc, une longue expiration, presque imperceptible.

Ensuite, on lâche tout. On laisse l’air nous remplir. Voilà, une fois qu’on est bien centré, bien calmé. On laisse la respiration se faire automatiquement. Quand on sent qu’on se déconcentre, on peut faire une longue expiration. Chassez tout l’oxyde de carbone qui réside dans les poumons. Chassez les pensées compliquées. Vous expirez complètement.

Le poème du 59 du Shin Jin Mei est simple. Il dit :

« Dans le monde cosmique de la réalité telle qu’elle est, il n’y a ni entité d’ego, ni autre différence. »

C’est quand même étonnant. Le Shin Jin Mei , c’est un poème très ancien qui date du début du zen en Chine, c’est-à-dire environ quatorze siècles. Ils ne connaissaient pas à l’époque la physique quantique, la physique tout court. Pourtant, ils avaient l’intuition, à partir sans doute de leur pratique de zazen, de la science telle qu’on l’explique maintenant, dans les années 2000-2020.

cellules

C’est-à-dire qu’on appartient à quelque chose de plus grand que nous. On appartient, on participe aussi de quelque chose de plus grand que nous. Donc, le zazen, c’est avant toute chose d’abandonner son ego. Abandonner la notion de séparation. C’est drôle parce que pourtant, notre corps lui-même est fait de cellules, et les cellules elles-mêmes agissent complètement en communauté. En fusion les unes avec les autres, sans notion d’ego.

Donc puisqu’on est fait de cellules, c’est quelque chose d’inné chez nous, de se sentir relié. De se sentir participer à quelque chose de plus grand, d’éternel, et de conscient. Quand on réalise que toutes les choses qui nous entourent sont conscience, c’est justement quand on s’oublie soi-même.

Maître Dogen disait :

« La pratique du bouddhisme consiste à s’étudier soi-même. S’étudier soi-même, c’est s’oublier soi-même. Et s’oublier soi-même, c’est être certifié, reconnu. »

Comme quand on croise le regard de quelqu’un qu’on connaît. Mais je te connais, toi. Donc on est reconnu, certifié, par toutes les existences du cosmos.