Les mains et la posture de zazen

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Kusens de Maître Kosen
Les mains et la posture de zazen
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La première phalange du majeur de la main droite est placée sous la deuxième phalange du majeur de la main gauche. On touche avec la dernière phalange de la main droite, la deuxième phalange, le pli de la main gauche. Ensuite, on joint les pouces à l’aplomb des deux index. C’est le point de repère pour avoir une posture des mains correcte.

Comme les morphologies sont différentes, parfois c’est l’extrémité de la phalange droite ou la racine de la phalange droite. Vous avez une marge d’environ un centimètre, selon votre morphologie. Ça s’appelle une mudra, une posture des mains.

En yoga, on appelle la posture de zazen la posture parfaite. Pourquoi est-elle parfaite ? Parce que les énergies yin et yang se complètent exactement. Quand on a la bonne posture, on ne fait aucun effort, alors qu’on se maintient bien droit, la colonne bien étirée et qu’on dégage beaucoup d’énergie.

La posture des mains, c’est important, parce que l’être humain fait tout avec ses mains. Il est toujours sans arrêt en train de s’exprimer ou d’exprimer quelque chose, ou de créer quelque chose avec ses mains. En japonais, cette mudra se dit Hokaïjohin, la mudra universelle. À partir de cette mudra, à partir de la posture des mains, on peut construire toute la posture du corps.

Mains et cerveau sont reliés. On apprend à se sensibiliser à cette posture, à ce contact entre la gauche et la droite, entre le bas et le haut, entre le corps et l’esprit, entre la tête et le corps. Bien sûr, le cerveau n’a pas de doigts, il n’est pas expressif comme les mains, mais selon la posture qu’on prend avec sa tête, on va complètement exprimer une conscience différente et elle va se manifester immédiatement.

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Posture des mains en zazen

La position des jambes aussi est très importante, c’est-à-dire en lotus ou demi-lotus. La posture préconisée par le Bouddha, c’est le lotus à droite ou à gauche, avec la jambe droite ou la jambe gauche au-dessus.

Sans ça, on peut prendre le demi-lotus : on met le pied droit sur la cuisse gauche ou le pied gauche sur la cuisse droite, le pied sur la cuisse bien retourné. On doit avoir tendance à rapprocher les genoux l’un de l’autre : on n’a pas les jambes trop écartées comme dans certaines autres postures.

La troisième posture, pour ceux qui ont beaucoup de mal en demi-lotus ou en lotus, il s’agit simplement de poser le pied sur la cheville opposée. On a alors les jambes plus écartées, plus ouvertes. Cette posture paraît plus facile a priori, mais elle peut être douloureuse également, parce qu’on presse sur la cheville. De plus, on comprend moins l’assise parfaite dont parlent les maîtres.

Parfaite parce que quand on est en lotus, plus on lâche, plus on décontracte les jambes, plus les genoux poussent automatiquement vers le sol. Plus on lâche, plus on est fort.

Quand on décrit la posture, on dit tout le temps : « Poussez la terre avec les genoux ». Alors on pense qu’il faut faire un super effort, mais au contraire, on lâche les jambes et elles poussent automatiquement la terre avec les genoux et ça remet toute la colonne en place, la nuque, tout.

On n’a aucun effort à faire, on a l’impression d’être en apesanteur. C’est ce fameux dépouillement du corps et de l’esprit, Shinjin datsuraku : se dépouiller du corps-esprit.

On parle dans les enseignements de Hishiryo, la pensée pensée absolue. En fait, c’est juste « conscience ». On pense que c’est une conscience très compliquée, mais en fait elle ne tient qu’à la posture. N’importe quelle personne, si on la met dans la posture correcte, avec la nuque tendue, le menton rentré, la tête bien droite, sera en condition de hishiryo. C’est-à-dire que son cerveau frontal, sa pensée consciente, va se calmer, tendant vers le silence et la paix.

Le cerveau primitif qui se trouve derrière le cervelet et la nuque va être en état d’éveil, mais en éveil non intellectuel. Pensée primitive.

Comme l’homme préhistorique : à quoi pense-t-il ? À bouffer, à préserver son existence. C’est un sauvage, c’est un animal sauvage. On perd cet instinct primitif. Dans la vie moderne, on est toujours la tête dans les mains à se poser des questions. Zazen ramène cette énergie à sa place.

Et cette conscience intellectuelle dont on se sert du matin au soir même sans le savoir, même sans le vouloir, est canalisée et on l’utilise pour faire des flashs de conscience, de lumière, sur la posture. Flash sur les mains. Correction s’il y a lieu.

Flash sur la nuque, sur le menton rentré, sur le diaphragme. On observe sa respiration. Flash sur les jambes. On relâche les cuisses. On l’appelle « la posture parfaite », le corps-esprit. Et on voit si on a des contractures inutiles. Relâchez les yeux, évitez de bouger la tête. Aimez-vous. Décontractez-vous. Pardonnez-vous. Corrigez-vous.