Laver la pureté avec la pureté

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Kusens de Maître Kosen
Laver la pureté avec la pureté
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Le poème 41 du Shinjinmei : « Se servir de l’esprit avec l’esprit, est-ce la grande confusion ou bien est-ce l’harmonie ? » On ne sait pas exactement ce qu’est l’esprit dans l’enseignement des patriarches. On ne donne pas une définition de l’esprit, on ne considère pas que l’esprit est quelque chose.

On est étonné quand on arrive dans un dojo : on nous parle que de posture, du corps, de la colonne vertébrale. Ce qu’on nous dit au sujet de l’esprit, c’est : « Laissez passer les pensées. » Dans ce sens, se servir de l’esprit avec l’esprit, c’est la grande confusion. Si on essayait de vous donner des remèdes qui soient purement spirituels, ce serait la grande confusion.

Est-ce que l’esprit en lui-même n’existe pas ? L’esprit n’existe pas et en même temps, rien n’existe en dehors de l’esprit. Maître Deshimaru nous a enseigné de nous asseoir en zazen et de faire l’inventaire des points importants de la posture. Et on répète ça, pas seulement pendant quinze jours ou un mois, mais toute sa vie.

Même après quarante ans de pratique du zazen, on récapitule les points importants de la posture avec l’esprit. Et là, on touche l’esprit avec l’esprit, on crée l’esprit avec l’esprit.

En fait, notre corps est esprit, tout est esprit. Tout est esprit dès lors où on perçoit la réalité de l’intérieur, où le sujet et l’objet se confondent. C’est le zazen.

Maître Deshimaru dit que ce poème est un koan, une énigme très profonde du zen. Il nous propose de regarder les kanjis, les idéogrammes.

laver la purete avec la purete

Le premier, c’est Saku. Il possède deux significations : harmonie mélangée, devenir intime et distinction, confusion, complication désordonnée, perdre, égarer. On dit qu’on surnommait Maître Kodo Sawaki « Saku ». Dans le zen, Saku n’a pas une signification négative. Dans le zen, on dit : se servir du Bouddha avec le Bouddha, se servir d’une vache avec une vache. Si nous ne sommes pas Bouddha, nous ne pouvons pas nous servir du Bouddha. Lorsque l’on veut vraiment faire zazen, il faut devenir zazen. On peut laver de la boue avec de la boue, on peut laver du sang avec du sang. Nous devons laver la saleté avec la saleté et la pureté avec la pureté.

On emploie l’expression daï saku : la grande rencontre. La grande rencontre, c’est d’utiliser aussi le Dharma, c’est-à-dire l’enseignement, la sagesse, avec le Dharma. Même après 50 ans de pratique, revenez avec délicatesse aux points importants de la posture.

Le contact, c’est important. Contact des pouces, contact des jambes croisées, contact des genoux avec le sol. Même le contact entre la vision, l’œil et son objet, le contact avec la respiration. Il faut sentir tous ces contacts entre l’esprit et l’esprit. Contact de la langue contre le palais.

Tous les chakras sont des contacts, sont des points de contact. Le point de contact qu’on a entre nous-mêmes et nous, entre l’esprit et l’esprit, entre le corps et l’esprit, dès le moment qu’on fait zazen. La texture de tous ces contacts doit être harmonieuse et douce. Même le contact avec notre douleur pour ceux qui souffrent, qui ont mal aux jambes.