La posture de la non-peur

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Kusens de Maître Kosen
La posture de la non-peur
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Le zazen, c’est comme le piano : au début, il faut faire des gammes et récapituler les points importants de la posture. Après, vous pouvez improviser.

Jambes croisées, genoux plantés dans le sol, pousser la terre avec les genoux, pousser le ciel avec la tête. La main gauche est placée dans la main droite, les paumes vers le ciel. Les pouces se joignent, sont en contact horizontalement : la ligne des pouces ne forme ni montagne ni vallée. Les avant-bras ne sont pas collés aux hanches, il reste un petit espace, une petite respiration. Les coudes ne sont pas collés aux hanches non plus, ils sont légèrement ouverts.

À partir de là, les épaules se relâchent. C’est important d’avoir les épaules bien relâchées, ça joue avec les mains. Vous vous rendez compte de l’interconnexion de toutes les parties du corps les unes avec les autres. Basculez le bassin vers l’avant au niveau de la cinquième vertèbre lombaire, la première vertèbre mobile, située au-dessus du sacrum, qui est soudée en un bloc.

la posture de la non peur

À partir de cette mobilité de la cinquième vertèbre lombaire, vous pouvez régler la verticalité de votre posture. Le nez et le nombril sont sur une même ligne, les oreilles et les épaules sont sur un même plan.

Tout ça, c’est des mantras qu’il nous faut répéter et vivre, ressentir. Ce n’est pas intellectuel, ce n’est pas moral, ce n’est pas religieux, c’est suivre l’ordre cosmique du zazen. C’est l’ordre des choses, l’ordre naturel.

Si l’homme suivait, l’ordre cosmique, il y aurait moins de problèmes. Malheureusement, à cause de l’ego, du désir de pouvoir, de puissance, de la folie, de l’égoïsme, de l’intérêt immédiat, on va à l’encontre de l’ordre cosmique.

Ensuite, la position de la tête, en interdépendance avec la cambrure du bassin de la cinquième vertèbre lombaire. En interdépendance avec la nuque. La nuque est tendue, étirée, comme si vous vouliez ouvrir une grande fenêtre derrière la nuque, une fenêtre qu’on soulève.

Il faut étirer la nuque, pousser le ciel avec la tête, mais ne pas laisser tomber la tête en avant. Tête droite, menton rentré. Ça, c’est un mantra très important.

C’est comme toutes ces choses qu’on apprend aux enfants : se tenir correctement à table, ne pas mettre les coudes sur la table, etc. Ça paraît ridicule, ça paraît militaire, mais ça inscrit des mantras de comportement dans le corps. Il ne faut pas laisser faire n’importe quoi. Les enfants sont les enfants, les parents sont les parents. Il y a des choses qui sont interdites aux enfants. Il faut leur dire : « tu ne fais pas ça, tu fais comme ça ».

Le cadeau de tout ça, c’est le retour aux conditions normales. Redevenir normal, c’est précieux. On en sait quelque chose, dans notre année 2023, on aspire à redevenir normal. Seulement normal.

Menton rentré, étirer la nuque, pousser la terre avec les genoux.

Maître Deshimaru disait que zazen est la posture de la non-peur. On peut vaincre la peur dans cette posture.

Kyosaku

Dans un dojo zen traditionnel, il y a toujours un kyosaku. Un moine ou une nonne passe derrière les rangées de pratiquants et, à la demande, donne un coup de bâton sur des points d’acupuncture.

Au Japon, ils n’attendent pas la permission, ils le donnent d’office.

Kin-hin

La racine du pouce gauche est enserrée dans le poing gauche et placée sous le sternum; là où les côtes se rejoignent. Il y a un petit creux très important, qu’on n’a pas le droit de piquer en acupuncture, parce qu’il est très sensible. C’est là que vous posez la racine du pouce gauche.

Ensuite, vous insérez le poing gauche dans la main droite. Les avant-bras sont bien horizontaux, les épaules relâchées vers le bas, le menton rentré, la nuque étirée. Comme d’habitude, poussez le ciel avec la tête.

Rythmez la marche avec la respiration. Dans le zen, on commence toujours par expirer et ensuite, on laisse l’air nous emplir pendant l’inspiration. C’est le contraire de la respiration yoguique où l’on porte toute son attention sur l’inspiration et où l’on pratique l’apnée. Ce n’est ni bon ni mauvais, c’est autre chose. C’est deux approches différentes.

Dans le zen, on expire. L’expiration doit être lente, ténue, imperceptible, et plus longue que l’inspiration. Quand vous avez fini votre expiration, si vous le pouvez, vous faites un petit temps d’arrêt. Puis vous laissez l’inspiration vous remplir à nouveau. Les poumons se gonflent, le corps devient léger et pendant cette inspiration, passez la jambe arrière en avant et à nouveau, expiration. On presse le sol avec la plante du pied, tout spécialement la racine du gros orteil.