Suivre le système cosmique

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Kusens de Maître Kosen
Suivre le système cosmique
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Le poème 63 du Shinjinmei dit : « Un moment de conscience devient 10 000 années ». On se rend compte que c’est très difficile d’évaluer le temps ou la vitesse. Qu’est-ce-que nos actions ? Qu’est-ce-que c’est de rester immobile ? Qu’est-ce que la conscience ?

La conscience, c’est toujours un mode de relation entre une entité, une unité, et son environnement. Quand il y a relation, il y a conscience. L’environnement en question, ça peut être la pensée, ou ça peut être des objets, des lumières, des sons. Dans le cas de ce poème, il s’agit de notre relation avec le temps. Dans le zen, tous les maîtres, et en particulier Maître Dôgen, nous parlent de la conscience hishiryo : penser du tréfonds de la non-pensée. Pensée et non-pensée, c’est la relation, c’est la conscience elle-même. Comment pense-t-on du tréfonds de la non-pensée ? Hishiryo, répond Maître Dogen. Hishiryo, ça veut dire la pensée absolue, celle qui englobe en un seul système le sujet et l’objet. C’est ça hishiryo. L’objet devient invisible, mais il est là par sa présence en nous-mêmes. Par la relation même qu’il entretient avec nous. Mais parlons du temps. On parle tout le temps de l’ici et maintenant. Il faut être ici et maintenant. Sans savoir, sans ressentir consciemment, que nous sommes maintenant, en train de filer à une vitesse de 640 fois plus rapide que la vitesse du son. On file à 800 000 km/h en ce moment, soit 220 kilomètres par seconde autour du centre de la galaxie. Ce n’est pas la vitesse de la Terre autour du soleil, mais c’est la vitesse d’un énorme vaisseau qu’on appelle « système solaire », et qui fonctionne en interdépendance. On suit le système solaire et le système solaire y fonce, il fuse. À 800 000 km/h. Ce système avance à toute allure en spirale autour de la galaxie, de manière aléatoire, au bon vouloir du soleil et de ses explosions spectaculaires. Nous, on fait partie de ce système, complètement. Sensei nous disait tout le temps : « Vous devez suivre le système cosmique, l’ordre cosmique ». Qu’est-ce-que c’est le système cosmique ? C’est ce qu’on fait. On suit le système cosmique, le système solaire cosmique, qui fait partie évidemment lui-même d’un système encore plus grand, universel. On peut aller encore plus loin que l’univers. Même si nous ne voulions pas le suivre, il serait impossible de ne pas suivre le système cosmique. Pratiquer zazen, ça signifie se caler, s’harmoniser à un système universel. C’est sans doute ce qu’entendaient les maîtres en parlant de Dieu ou de Bouddha. Même si on ne le veut pas, on suit le système cosmique. Nos mouvements égotiques, notre conscience égotique ont bien peu d’importance par rapport à cette force énorme, cette puissance d’énergie énorme. C’est pour ça que dans la méditation du Bouddha, dans le zazen, on n’apprend pas à faire quelque chose. Ce n’est pas une technique de bien-être. C’est simplement s’asseoir sans rien faire. Et quand on ne fait rien, on suit parfaitement le système cosmique. On s’harmonise.