La nature du mental

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Kusens de Maître Kosen
La nature du mental
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Quand on observe son mental, c’est-à-dire ses pensées, on s’aperçoit qu’une pensée en entraîne une autre, qui en entraîne une autre, qui en entraîne une autre. C’est comme une chaîne. Le principe du zazen, c’est de couper cette chaîne. C’est aussi le principe de l’ordination. Quand on reçoit l’ordination, c’est une cérémonie, un rituel dont la signification, également, c’est de couper la chaîne du karma, c’est-à-dire de l’enchaînement des causes et des effets.

Aussi, Maître Deshimaru posa cette question : « Quelle est l’origine de la conscience ? » Et pendant zazen, par la posture, par la respiration, par l’attitude de l’esprit, la manière de laisser passer les pensées, pendant zazen, on arrive inconsciemment à couper la chaîne de la pensée. C’est pour ça qu’après le zazen, on se sent toujours un peu frais, neuf. Même si l’on ne s’en rend pas compte, on a coupé, à un moment donné, l’enchaînement de nos idées, de nos pensées.

Je continue toujours sur le poème de Tosan, le Shinjinmei.

« Un moment de conscience devient 10 000 années. »

C’est très intéressant, cette phrase. Ce moment de conscience, c’est quand ? Quand on vient de nulle part, de l’origine. C’est la première pensée, la première conscience. Dans le New Age, ils appellent ça « je suis ». Ce n’est pas une pensée intellectuelle, c’est un sentiment. Le sentiment d’être, d’être vivant, d’être conscient.

Maître Keizan, un grand maître japonais, a écrit un poème à propos de cette phrase :

« Ne parlez pas du temps de la conscience du vieux pin, car elle est toujours verte. La neige, la lumière, les fleurs qui s’ouvrent au printemps, les feuilles rousses en automne, même si la nature change éternellement chaque année, renouvelant le cycle, les fleurs éclosent et fanent, les feuilles des arbres tombent éternellement. Mais la conscience du vieux pin demeure à jamais verte, et la neige jamais n’atteint la lumière du printemps. »

Autrement dit, on peut se rapprocher à l’infini de ce point d’origine. Mais on ne peut jamais vraiment l’atteindre. Et même si on ne peut jamais l’atteindre, on n’en est jamais vraiment séparé.

vieux pin

Tout ce qui existe aujourd’hui était déjà là depuis le début. L’explosion du feu du début, le big bang, c’est l’origine de la pensée, de la conscience. Ce big bang contenait déjà la conscience, l’intelligence qu’on a aujourd’hui. Alors, où se trouve la racine de notre conscience ? On peut même se poser la question : « quand se trouve la racine de notre conscience ? », car l’espace et le temps sont liés. C’est pour ça qu’aujourd’hui il y a des télescopes ultra-puissants qui peuvent remonter dans le temps. C’est à dire, les étoiles qu’on regarde existent dans le passé. On peut remonter presque jusqu’à l’origine, avec des télescopes.

Il est question aussi de temps dans ce poème de Tosan, un temps qui passe à toute vitesse, en même temps qu’il est lent. Un temps qui s’expand lentement à des vitesses phénoménales. Maître Deshimaru dit :

 » En dernier lieu, l’origine de notre conscience est la source primordiale de notre univers. Cela n’a jamais été séparé. Notre conscience a la même racine que l’univers. »