La conscience pendant zazen

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Kusens de Maître Kosen
La conscience pendant zazen
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La conscience pendant zazen est tout à fait spécifique, même par rapport aux méditations anciennes traditionnelles, notamment en Inde. C’est la pratique de la posture du Bouddha et l’enseignement transmis par les maîtres et les successeurs du Bouddha.

Quand on s’assoit en zazen, on ne doit plus être dans l’objectivité. C’est une décision que l’on prend dès qu’on entre dans le dojo, et dans tous les gestes que l’on fait jusqu’à s’asseoir sur son coussin. Prendre la posture correcte, bien s’équilibrer sur le zafu, s’asseoir, respirer. Et arrêter de projeter sa conscience vers l’extérieur. Arrêter de regarder les autres, de se retourner, etc. La conscience objective, celle qui fait l’inventaire des objets environnants, a son utilité, mais pas pour faire zazen.

Marche méditative

C’est comme lorsque le feu passe au vert : vous n’allez pas traverser en kinhin. Le kinhin permet de marcher sans aller nulle part et sans but, c’est quelque chose de tout à fait extraordinaire. Même par rapport au zazen, le kinhin est extraordinaire.

Le maître de danse Maurice Béjart, qui était disciple de Maître Deshimaru, faisait pratiquer le kinhin à ses danseurs chaque jour. Il avait intégré la marche en kinhin dans plusieurs de ses spectacles.

Ne plus regarder à l’extérieur, ne plus se baser sur l’extérieur, mais ancrer sa conscience sur le point ultime à l’intérieur de soi, c’est ce qu’on appelle la souveraineté. Il n’est pas nécessaire d’être milliardaire pour être souverain, il suffit de marcher en kinhin ou de s’asseoir en zazen. C’est la posture des rois, le roi du samadhi. Quand on arrive au centre de soi-même, on s’aperçoit qu’on n’est pas séparé des autres. Au contraire, on n’est pas éloigné de l’essentiel, on se sent en sécurité.

Promenade dans la montagne

Il y a un maître qui revenait de sa promenade dans la montagne, qui fut interpellé par son disciple :

– Maître, où êtes-vous allé vous promener ?

– Dans la montagne.

Le disciple insista :

– Oui, mais quel chemin avez-vous pris ? Il y a des parcours fléchés.

C’est vrai que les parcours fléchés, parfois, c’est pratique.

– J’ai simplement suivi l’odeur du romarin et des fleurs de thym. Ensuite, j’ai flâné parmi les jeunes pousses. Chaque jour, c’est différent, selon qu’il a plu ou qu’il y a beaucoup de soleil.

la conscience pendant zazen

Sans but, sans égoïsme, naturellement, inconsciemment, la véritable sagesse peut être créée au-delà du savoir, au-delà de la connaissance consciente.

Un Midas chinois

Dans la Chine ancienne, il y avait un ermite un peu magicien qui vivait dans une profonde montagne. Un jour, un ancien ami à lui rendit visite. Tout heureux, l’ermite l’accueillit, lui offrit à dîner et l’invita à passer la nuit avec lui. Ils firent un petit feu et discutèrent toute la nuit.

Le lendemain matin, avant le départ de son ami, l’ermite voulut lui faire un cadeau. Il prit une pierre de la grosseur d’une noix et, avec son doigt, il la toucha et la transforma en un bloc d’or pur. Son ami fut surpris. Mais au lieu de se réjouir, il dit :

– Tu pourrais me transformer cet énorme rocher en or ?

L’ascète s’exécuta, toucha l’énorme rocher avec son doigt et celui-ci se transforma en or. Mais son ami n’était toujours pas satisfait. Alors l’ermite lui dit :

– Mais qu’est-ce que tu veux de plus ? Qu’est-ce qui se passe ?

Son ami répondit :

– Donne-moi ton doigt, je veux ton doigt.

Cet homme pensait que le doigt était la source de l’or.

Il faut revenir à la conscience primordiale, souveraine. Cette conscience souveraine est celle qui se partage avec tout le monde. C’est comme les peaux d’un oignon. On enlève une couche, mais ce n’est pas encore celle-là. On enlève une autre couche, et ce n’est toujours pas celle-là.