Published: 05/10/2019 | Updated: 27/05/2024
Maître Deshimaru disait que c’est l’inverse de la respiration habituelle. C’est-à-dire que l’on commence par expirer, expulser tout l’air et presser les intestins vers le bas. On se relâche. On se dépouille vers le bas. Vers la fin de l’expiration, on laisse l’inspiration se faire automatiquement.
J’aime bien relire de temps en temps le premier livre de Maître Deshimaru, premier livre que j’ai lu quand j’étais débutant.
Il est écrit :
« Zazen est la pratique de la posture assise juste, traditionnelle. Zen signifie ne rien faire, mais s’asseoir. Dans le zen, la pratique de la posture juste est très importante. Nous devons nous asseoir calmement et comprendre que notre esprit même est la vérité naturelle. Nous devons vivre sans qu’aucun moment présent ne soit gâché. La signification du mot zen est concentration de l’esprit. La signification de Za est tenue correcte du corps. De sorte que za et zen ne peuvent être séparés. »
C’est de là que vient l’expression zazen. Le zen, c’est la théorie. Le za, c’est la pratique. Nous devons comprendre ces deux aspects. Nous ne pouvons comprendre le zen que par la pratique de za. Quand nous pratiquons zazen, nous devons nous asseoir sur un zafu, un coussin spécifique utilisé par les moines. Il faut stabiliser son corps sur le coussin, fermer la bouche, cesser de penser au bien ou au mal. Le corps, la bouche et la pensée sont trois éléments très importants. Nous devons éviter l’association d’idées et laisser nos pensées traverser notre esprit sans les entretenir.
Bien sûr, il ne faut pas réprimer les pensées, ni non plus se fixer sur l’une d’elles. Nous devons arrêter nos pensées et nous asseoir face au mur. Nous ne devons pas penser à l’intérêt ou aux sensations particulières. Et nous devons veiller attentivement à l’intérieur de notre esprit et découvrir notre moi vrai et pur. Et expérimenter comment agit la nature de Bouddha.
« Quand nous pratiquons la posture assise juste, nous ne devons chercher à obtenir aucun but ni aucun résultat. Nous devons laisser aller notre esprit naturellement. Et on a la possibilité de veiller avec attention et de façon naturelle, découvrir le fonctionnement profond de notre esprit, devenir intime avec nous-mêmes. Zazen n’est pas un but, ni un profit, ni un miracle, ni une magie, ni un mystère. La vraie religion n’a pas d’objet. Nous n’avons pas besoin du pouvoir de notre esprit. Nous vivons dans la pureté de la nature préhistorique, avant même la naissance de nos parents. »
Je me souviens aussi comment Maître Deshimaru enseignait la posture spécialement par rapport aux mains, à la position des mains. La posture de zazen qu’il enseignait était très dynamique. Il disait que le tranchant des mains doit être contre l’abdomen, contre le bas ventre, et qu’on doit avoir la sensation de soulever une grosse pierre avec ses mains. Quand on fait ça, la colonne se redresse, la posture devient très forte.
Donc, il faut toujours moduler entre une posture trop tendue et une posture trop relâchée. Mais pour les débutants, Sensei disait : « La volonté est nécessaire au début ». Donc, il était assez sévère sur la l’intensité de la posture. Il se servait beaucoup du kyosaku. Puis après, avec l’expérience, avec les années de pratique, on essayait de garder cette intensité, tout en relâchant. D’apprendre à relâcher les tensions inutiles. C’est toujours complémentaire.
Quand vous êtes bien positionné dans la posture, vous pouvez relâcher les jambes, les cuisses et les mollets. Quand la respiration est correcte, on ressent justement ce relâchement des tensions dans les jambes et dans l’abdomen. Quand on fait le lotus, plus on lâche les jambes, plus on relaxe les jambes, en fait, automatiquement, les pieds sont relâchés et pressent sur les cuisses. Et plus on relâche, plus les genoux poussent le sol et plus on se tient droit. En fait, c’est le relâchement même qui engendre la tension juste, la rectitude de la posture.