Published: 08/02/2020 | Updated: 11/06/2024
– J’ai commencé à pratiquer zazen en mars de l’année dernière, et j’étais très motivée. J’ai beaucoup pratiqué, j’ai essayé d’avoir une très bonne posture et j’ai été comme ça pendant un certain temps.
Puis soudain, quelque chose s’est détaché. J’ai cessé d’avoir besoin d’être bonne et de faire des démonstrations. Depuis quelques mois, j’ai beaucoup de mal : je remarque que ma posture n’est plus la même qu’avant et qu’il m’est très difficile de faire zazen tôt le matin.
Alors, la responsable du dojo m’a dit que c’était très important de faire zazen le matin, mais c’était très difficile pour moi. Je n’avais pas la motivation que j’avais avant, n’est-ce pas ? Cela crée un conflit en moi et, récemment, j’ai commencé à donner des cours d’espagnol pour la première fois à des femmes migrantes, et ce sont donc les jours où je fais zazen le matin. Et ensuite, pour pouvoir affronter le cours, je dois faire zazen.
Et puis soudain, l’enseignement a été la motivation qui m’a donné la force de me lever tôt le matin, de faire zazen et d’aller en classe.
– Oui, la question de la motivation est très importante. Maître Dôgen en a parlé, disant qu’il faut avoir la conscience de mujo, l’impermanence, et qu’il faut placer les priorités avant une vie confortable. Pratiquer sans but, sans nécessité de se montrer aux autres. On pratique naturellement avec une grande motivation, comme si notre vie en dépendait, comme si le feu prenait dans nos cheveux. Si vous perdez cette motivation, inutile de pratiquer.
Dogen explique que quand on pratique zazen, c’est un grand mérite pour soi mais aussi pour les autres. Cela équilibre beaucoup sa vie, ça nous protège énormément. Donc voilà, si parfois vous avez pratiqué très intensément pendant un moment et si vous ne sentez plus cette pratique, cette motivation, eh bien faites autre chose. Cela doit être naturel. Sinon, quand on a un but caché, tôt ou tard, la motivation finit par disparaître..
Alors soit à ce moment-là, soit vous pratiquez un zazen très pur, sans motivation cachée, soit vous vous dites que ça ne m’intéresse pas. Voilà. Mais c’est libre On discutait entre amis l’autre fois, on se disait c’est marrant, mais on parlait de nos débuts en zazen, on disait on en a bavé, c’était dur, on se débattait, etc. Et pourtant à la fin on était contents, on n’avait qu’une envie, c’est d’y retourner. C’est bizarre, hein ? Ça, c’est la motivation et l’autonomie.