Published: 17/04/2024 | Updated: 25/05/2024
Posture, respiration et attitude de l’esprit sont les trois piliers qui constituent la matière, le matériel de méditation. Si on vous demande de méditer, vous vous posez la question de savoir par où commencer : méditer sur quoi, méditer avec quoi ?
Posture
C’est ce qu’on apprend en premier. À se stabiliser, à s’ancrer dans le sol, à pouvoir trouver l’immobilité, lâcher les tensions dans la colonne vertébrale, étirer la nuque, s’enraciner avec les genoux dans le sol, de manière à pouvoir faire tenir le corps en équilibre, sans effort, et en même temps, en pleine énergie.
Respiration
Quand vous avez trouvé la posture correcte, quand vous êtes la posture correcte, tout naturellement apparaît la conscience de la respiration. Dans la pratique du zazen, la respiration n’est pas un exercice, elle ne doit pas être consciente. Simplement, on donne des indications telles que le fait qu’il faut donner en premier et recevoir en second. Ce n’est pas du tout de la morale, c’est physiologique.
On se concentre principalement sur l’expiration. L’expiration est plus longue que l’inspiration. Quand on a expiré à fond, quand on a vidé ses poumons, inconsciemment, naturellement, automatiquement, l’air nous remplit à nouveau les poumons. D’abord on expire et quand on est vide, on reçoit. Seulement, cette petite nuance est extrêmement importante.
Attitude de l’esprit
Puis après, comme on a oublié la posture, on oublie la respiration et on découvre l’attitude de l’esprit. Comment doit-on penser, à quoi doit-on penser ? Quelle doit être l’état d’esprit pendant zazen ?
Là, les enseignements sont aussi très simples. Laisser passer les pensées, c’est l’enseignement le plus simple. On ne combat pas les pensées, on n’essaie pas de les maîtriser ou de les arrêter.
On doit être comme une montagne, disait Sensei Deshimaru. Une montagne qui se laisse envahir par les nuages. Et puis les nuages passent avec le vent, tranquillement. Les nuages passent et l’esprit devient clair et transparent, la montagne devient claire et transparente.
La montagne ne lutte pas contre les nuages et les nuages contournent, englobent, embrassent la montagne. C’est l’attitude de l’esprit.
Mushotoku
On peut la résumer encore, cette attitude de l’esprit, en un mot japonais : mushotoku. Mu, ça veut dire il n’y a pas, abstraction. Shôtoku veut dire profit. Il n’y a pas de profit. Il ne faut pas s’inquiéter quand on s’aperçoit qu’il n’y a pas de profit. On va dire : « Ah, mais moi, j’ai pratiqué tant de temps, comment se fait-il que je n’ai pas de profit ? »
Parfois, ce qu’on croit être un cadeau est un handicap et ce qu’on croyait être un handicap est un cadeau. Ce n’est pas évident de comprendre, d’appréhender mushotoku.