Comment contrôler ses pensées ?

comment controler ses pensees
Mondo - questions à un maître zen
Comment contrôler ses pensées ?
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Published: 27/01/2017 | Updated: 23/06/2024

– Pour moi, c’est très difficile de contrôler mes pensées. Dois-je me forcer ?

– L’enseignement de Maître Deshimaru était clair sur ce point. Il disait qu’au début, il faut faire des efforts dans la posture et la respiration. Je pratique zazen depuis 48 ans, et hier encore, je découvrais des choses sur la respiration. Enseigner la respiration est presque impossible, car c’est très subjectif. Sensei nous expliquait la respiration abdominale comme le contraire de notre respiration habituelle, où normalement, à l’inspiration, on gonfle l’abdomen et à l’expiration, on le rentre.

Un des premiers disciples de Maître Deshimaru, un grand professeur de yoga, M. Lambert, disait que ce n’est pas le contraire, mais la même chose. Il y a une expansion pendant l’inspiration et une rétention pendant l’expiration. J’ai appris cela intellectuellement au début, mais maintenant, physiquement, j’apprends encore. Quand on veut expirer, l’important est l’inspiration et vice versa, car chaque pas en avant dépend d’un pas en arrière. Le Sandokai l’explique bien.

L’inspiration provoque une expansion de la partie abdominale, ce qui détend la zone abdominale. À l’expiration, il y a une concentration de la force sous le nombril. Cette respiration est modifiée pour manifester l’énergie à cet endroit. Même les moines Shaolin montrent cette concentration en mettant un bol sur le ventre qui tient tout seul grâce à cette respiration.

Cette respiration est importante et peut être combinée à d’autres. J’ai appris à faire une petite pause à l’inspiration et à l’expiration pour calmer et enraciner la respiration. Cela doit être fait naturellement et en douceur. Maître Deshimaru recommandait d’y aller à fond jusqu’à la fatigue pour lâcher prise.

Pour moi, il a fallu des années d’efforts conscients, de répétitions pour maîtriser cela. Parfois, on découvre quelque chose de nouveau après des années de pratique. C’est le côté magnifique de cette pratique : elle prend du temps et est viscérale. Une fois maîtrisée, on peut gérer sa vie différemment, maîtriser sa colère ou son angoisse. Parfois, on se rend malade avec zazen, mais ensuite, zazen nous apporte la solution.

La première fois que j’ai fait zazen, j’étais en sueur, utilisant toute ma force musculaire au lieu de me détendre. Maître Deshimaru exagérait la posture pour nous aider à trouver l’équilibre. Ce n’est pas parce qu’on peut rouler à 300 km/h qu’on doit le faire. On peut aussi conduire en ville doucement.

Chacun a ses caractéristiques. J’ai appris lentement, avec beaucoup d’efforts. Même maintenant, je suis encore dans l’effort, répétant consciemment avant de lâcher prise. La méthode est d’y aller à fond jusqu’à la fatigue, puis de laisser les choses se dérouler naturellement.

Pour maîtriser zazen, il faut laisser l’esprit conscient de la respiration et faire de petites pauses, même une fraction de seconde. Ces pauses sont importantes pour calmer le cœur et enraciner la respiration. J’ai vu des psychologues utiliser une technique similaire appelée respiration carrée, avec des phases d’inspiration, d’apnée, d’expiration et d’apnée.

Il est aussi important d’avoir un zafu à la bonne hauteur pour être bien aligné. Un petit réglage peut changer beaucoup de choses.