Faut-il constamment vérifier sa posture en zazen ?

faut il constamment verifier sa posture en zazen
Mondo - questions à un maître zen
Faut-il constamment vérifier sa posture en zazen ?
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– Zazen, c’est une régulation permanente de la posture ?

– Oui, c’est l’enseignement de Maître Deshimaru.

D’abord, les Européens sont un peu compliqués, et quand on leur dit méditation, ils disent : « Oui, alors comment, à quoi faut-il penser ? » etc. Donc, quand on leur dit qu’il faut se concentrer sur la posture, ils sont déçus. Enfin, je me rappelle, car j’ai été débutant aussi. Quand on m’a dit que la posture, c’est le zazen, c’est se concentrer sur la posture, je ne savais pas qu’avec une posture on pouvait aller bien loin. Je n’y croyais pas trop, jusqu’au moment où j’ai réalisé la puissance spirituelle et équilibrante de la posture.

La posture, on ne l’aborde pas d’un point de vue mécanique en principe, mais quand on descend les épaules, ça détend tout le dos, et quand on décoince une petite zone, ça libère une autre zone. Quand on a mal, on sait qu’on a mal, on n’est pas parti dans l’imagination. On sait que ce n’est pas imaginaire, c’est réel. Et la réalité n’a pas de nom, elle s’appelle : nous dans notre corps. Et on la vit du matin jusqu’au soir. On est obligé de vivre avec ce corps. C’est pour ça que dans certaines civilisations, le yoga ou la méditation zen étaient très développés et très réalistes.

Il faut se remémorer comme des mantras : « les épaules sur un même plan que les oreilles », par exemple. C’est une image qui me revient, comme une prière : « Je vous salue Marie, pleine de grâce. » On s’imagine une jolie femme très pure et pleine de lumière. De même : « les oreilles sur le même plan que les épaules, le nez sur la même ligne que le nombril ». Cela crée une image dans le subconscient et petit à petit, on l’intègre physiquement. Le zen est très délicat.

Après ma carrière, je vois beaucoup les erreurs que j’ai faites. L’étude du zen, du zazen, est très délicate. Il y a deux aspects : ou on s’attache trop à la forme et on devient formaliste, et on passe à côté, ou on ne s’attache pas assez à la forme et on risque de perdre un détail libérateur. Je dis cela surtout pour les anciens. C’est un très bel enseignement, complet et éprouvé, transmis de maître à disciple. La transmission se pratique côte à côte pendant dix, vingt ans.

Recevoir l’enseignement, c’est : le menton rentré, les épaules, les oreilles, le nez, le nombril alignés, pousser sur le point de la vie et de la mort, Chong Maï, pousser le ciel avec la tête, pousser la terre avec les genoux, c’est tout cela. Par exemple, pour régler la bascule du bassin, ce n’est pas seulement une question de bassin, c’est aussi une question de genoux. Il est très important de pousser fortement le sol avec les genoux. Donc, on a un trépied genoux-périnée : deux genoux et un périnée, ce qui fait un trépied. Et sur ce trépied, on s’équilibre, on se règle.