La respiration zen n’est comparable à aucune autre. Très ancienne, on la nommait en sanscrit Anapanasati. Le Bouddha lui-même considérait la conscience de la respiration comme l’aspect le plus subtil de son enseignement.
Elle ne peut surgir que d’une posture correcte et vise avant tout à établir un rythme lent, puissant et naturel, basé sur une expiration douce, longue et profonde. Pendant le zazen, la respiration est essentielle. Se concentrer sur l’expiration permet de calmer l’esprit et d’éviter d’être envahi par les pensées. L’expiration descend vers la terre, l’inspiration monte vers le ciel, créant un double mouvement d’échange d’énergie.
L’enseignement de Maître Deshimaru met l’accent sur une expiration lente et profonde en pressant légèrement les intestins. L’inspiration est naturelle et automatique. Une fois les poumons vidés, le corps s’abandonne avant que l’air ne revienne de lui-même. Contrairement à de nombreuses pratiques comme le yoga, où l’accent est mis sur l’inspiration et la rétention de l’air, le zen enseigne une concentration absolue sur l’expiration.
L’air est rejeté lentement et silencieusement par le nez, tandis que la poussée due à l’expiration descend puissamment dans le ventre. À la fin de l’expiration, l’inspiration se fait naturellement, sans effort conscient. Les maîtres comparent le souffle zen au meuglement de la vache ou à l’expiration du bébé qui crie aussitôt né.
La respiration zen est abdominale, afin de recentrer l’énergie et calmer les émotions. En expirant lentement et profondément, on fait descendre l’énergie sous le nombril, apaisant ainsi le plexus solaire. Une fois l’expiration terminée, on lâche tout et laisse l’air revenir naturellement. Cet ancrage permet d’atteindre un zazen profond et stable.
La respiration est la source essentielle d’énergie vitale. En zazen, on en reprend consciemment le contrôle, en l’observant sans la modifier. Elle se déploie sur trois niveaux : abdominal, diaphragmatique et pulmonaire. En libérant ces zones et en maîtrisant le souffle, on stabilise la posture, apaise le mental et renforce l’énergie intérieure.
Enfin, pendant le zazen, des apnées naturelles peuvent survenir, mais elles ne doivent jamais être forcées. Forcer la respiration renforce l’ego et transforme le zazen en technique plutôt qu’en pratique méditative. Dans l’espace entre expiration et inspiration, on prend appui sur la terre, permettant à l’inspiration de se charger naturellement en énergie.