Une posture préhistorique

6
Kusens de Maître Kosen
Une posture préhistorique
Loading
/

Pour ceux qui n’ont pas de kimono ou de kolomo, vous pouvez amener un petit coussin ou un petit tissu et vous déposez les mains dessus, de manière à ne pas être obligé de faire un effort pour les maintenir. Elles doivent être déposées, et ainsi, il n’y a pas de tension qui se crée dans les épaules.

Il est très important de décontracter toute la zone des épaules qu’on tape avec le kyosaku. Le kyosaku, ce n’est pas une punition ni une mortification. On doit taper sur des points d’acupuncture qui détendent, non seulement les épaules, mais aussi, tous les organes internes. Pensez toujours aussi à la posture correcte de la tête, qui ne doit être ni penchée en avant, ni en arrière. La nuque doit être étirée et le menton rentré. On doit sentir de la force derrière la nuque. Il ne faut pas oublier la fonction primitive de la posture de zazen. On a découvert des squelettes humains en posture de zazen depuis bien avant le Bouddha. C’est une posture utilisée par l’homme depuis la préhistoire.

Pourquoi utilisaient-ils cette posture ? Ce n’était pas seulement pour planer, c’était une question de survie. Pour percevoir. Ils se mettaient dans un état de perception maximale des dangers, des bruits, des odeurs. De plus, les animaux sauvages attaquent rarement un autre animal s’il est immobile dans une posture d’éveil, s’il est éveillé, alerte, presque prêt au combat.

Quand on connaît un petit peu la morphologie du cerveau humain, on se rend compte qu’il y a des zones qui sont très importantes, notamment la partie derrière la nuque qui contient le cervelet, le cerveau le plus primitif, et le lobe frontal, qui contient le cerveau le plus moderne, le plus sophistiqué.

Quand on prend la bonne posture, automatiquement, le cerveau frontal, la pensée, la réflexion, la compréhension se calment. Pour cette raison, il est important de rentrer le menton. On rentre toute la face et le frontal ne penche plus vers l’avant.

Mon maître faisait toujours la comparaison avec le penseur de Rodin. Il disait :

« Quand vous parlez de penser, vous, les Français, vous songez au penseur de Rodin qui se tient la tête dans les mains. »

Il a son poing serré sous le menton et là, la tête en avant, il réfléchit.

Dans le zazen, on arrête de réfléchir. Pour arrêter de réfléchir, il suffit de corriger sa posture. Même dans la vie ordinaire, on est tous enclins à se laisser piéger par le mental, à avoir des soucis, à répéter les mêmes dialogues intérieurs.

Dans la journée, vous pouvez faire kin-hin pendant quelques secondes pour couper la chaîne, le cycle des pensées. Dans le vrai zazen, on ne fait pas quelque chose, on ne pense pas à quelque chose de spécial. Pas la peine d’avoir des pensées positives ou de souhaiter gagner beaucoup d’argent ou des choses comme ça. On coupe, au contraire, on fait un break, on met au repos le frontal, on met en éveil le cerveau primitif. C’est très animal, mais l’effet est immédiat.

mains pouces zazen

Souvent, on ne guérit pas l’esprit avec l’esprit, mais avec le corps. Chaque détail de la posture va avoir une incidence. Par exemple, la position des mains, la pression des pouces. On doit passer en revue les points de la posture. Ils sont expliqués dans plusieurs bouquins, vous pouvez les relire. Il est très important de régler la pression des pouces l’un contre l’autre. Ils doivent rester bien horizontaux, ni tomber vers le bas, ni aller vers le haut. Ils doivent être toujours en contact. Ils ne doivent pas se séparer. Et la pression doit être ni trop faible ni trop forte.

Parfois, on est un peu nerveux, on ne s’en rend pas compte. En observant ses mains, on peut voir qu’on a les pouces qui sont trop serrés, trop tendus. Par contre, quand on détend bien les mains et qu’on prend la bonne posture des mains, on sent une énergie chaude qui circule, on sent les bras qui se décontractent, les épaules qui tombent vers le bas.