Published: 25/01/2020 | Updated: 28/05/2024
Quand j’étais petit, on me disait souvent que j’étais égoïste. Je me demandais vraiment ce que ça voulait dire. Je pensais que c’était une critique, mais je ne savais pas ce que ça voulait dire. Égoïste : j’avais un peu honte, mais je ne savais pas vraiment de quoi. Et c’est vrai que peu de gens savent vraiment ce que c’est que leur ego. Qu’est-ce que c’est l’ego ?
Maître Dogen dit qu’étudier la voie du Bouddha, c’est étudier l’ego, s’étudier soi-même. L’ego, c’est soi-même. C’est quand on est trop tourné sur soi-même. Il dit :
Étudier l’ego, c’est abandonner l’ego.
On ne peut pas se rendre compte de ce que c’est que l’ego si on ne l’a pas abandonné. Le zazen, c’est l’abandon de l’ego. On se rend compte, quand on abandonne l’ego, que ce fameux ego est beaucoup plus grand qu’on l’aurait cru. On le croyait coupé, séparé du reste du monde et on se rend compte qu’il ne fait qu’un avec tout le reste. Il y a connexion avec tout le reste. On n’est pas séparé de quoi que ce soit.
D’ailleurs, maître Dogen, quand il parle de l’ego, dit :
L’ego c’est les pierres, les rochers, les montagnes, les barrières.
Il prend toujours des exemples très matériels, très denses. Ce mur-là, c’est notre ego. La cloche, l’autel, les fenêtres, les zafus, c’est notre ego.
Oui, mais qu’est-ce que c’est, notre ego individuel, notre ego personnel ?
Maître Dogen dit : l’ego personnel est sans noumène. Noumène, c’est une expression philosophique qui veut dire une personnalité fixe : « Je suis comme ÇA ». On croit qu’on est comme ÇA, mais on n’est jamais le même d’un instant à l’autre. On est universellement changeant et on ne peut pas saisir l’ego.
Quand le disciple Eka est allé voir Bodhidharma dans sa grotte, il lui a dit :
– S’il vous plaît, j’ai un poids énorme, libérez-moi de mon ego, de mon karma.
Bodhidharma lui a dit :
Apporte-moi ton ego, apporte-moi ton karma, je vais te libérer.
Eka a dit :
– Je ne peux pas l’attraper. Je ne peux pas le saisir. Je ne sais pas ce qu’il est. Il est sans noumène. Il est toute chose. Il n’est aucune chose. Il change sans cesse !
Alors Bodhidharma lui a dit :
– Bon ben, je t’ai libéré de ton ego.
On peut se libérer de son ego à travers plein de choses : à travers le sport, à travers la pensée, à travers le travail manuel, à travers la lecture. Même en regardant la télévision, on peut se libérer de son ego. Mais pour prendre conscience de la dimension universelle de son propre ego, le zazen est une très belle méthode. Quand on prend conscience de son ego en zazen, on appelle ça sa nature de Bouddha.