Kyosaku, le bâton d’éveil

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Kusens de Maître Kosen
Kyosaku, le bâton d'éveil
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Maître Deshimaru, dans son premier livre, qui s’appelait Le vrai zen, donne des indications sur le kyosaku que je trouve intéressantes à connaître.

Il y a deux états d’esprit, deux états de tension. La tension juste, c’est très important pendant zazen. On ne doit pas être trop nerveux ou trop penser. On ne doit pas être non plus endormi ou trop avachi.

On doit garder les yeux ouverts, mais on ne doit pas fixer, avoir les yeux exorbités. Si on ferme les yeux, on a tendance à s’endormir. Ce sont deux extrêmes. Le kyosaku aide à corriger la somnolence et l’excitabilité, l’excitation, en japonais, kontin et sanran.

kyosaku zen

Quand on se sent trop nerveux ou trop endormi, on demande le kyosaku. Le kyosaku est donné sur des points spécifiques de l’épaule. Il y a beaucoup de méridiens qui se croisent à cet endroit, et un bon coup de kyosaku, ça vous rééquilibre.

Toutefois, Maître Deshimaru disait que le kyosaku n’est pas un bâton ni une matraque. C’est considéré au Japon, dans les dojos traditionnels, comme l’esprit du maître, l’esprit du moine.

Après que le kyosaku a été taillé dans sa forme traditionnelle, le maître y écrit des calligraphies en japonais. En général, il écrit d’un côté la date et le lieu où le kyosaku a été remis et de l’autre côté, il y a toujours un poème très intéressant. Dans le zen, on appelle ça un koan : une chose qui éveille une conscience en nous, un enseignement.

Maître Deshimaru nous donne des phrases qui sont souvent écrites sur les kyosaku :

Nous devons voir dans notre véritable ego.

Si nous n’arrêtons pas notre esprit sur une pensée, alors le vrai véritable ego surgira, le véritable esprit surgira. Le corps du Bouddha entrera dans le corps, l’esprit du Bouddha entrera dans l’Esprit. Nous nous unirons avec le Bouddha.

Si nous essayons d’attraper la lune dans la rivière, on ne peut y parvenir.

Nous ne devons pas nous battre ou tenter d’arrêter les pensées illusoires, ni chercher la vérité.

Les éléphants ne jouent pas comme les petits lapins (ou : les éléphants ne jouent pas sur le sentier des petits lapins).

Nous ne devons pas critiquer le ciel en regardant dans un petit tuyau.

Il est préférable de vivre toujours au-dessus des nuages, sur le sommet des montagnes symbolisées par le zazen. Ainsi, le tonnerre tonnera au-dessous de nous.

Si nous pratiquons zazen, nous ne serons pas couverts par la poussière de la vie ordinaire.

Les nuages dans le ciel, l’eau dans la bouteille.

Maintenant, nous devons transformer ce sac de peau et nous devons écraser le démon qui est en nous-mêmes avec le bâton.

La mer finit toujours par s’assécher, le fond seulement demeure.

L’homme meurt, l’Esprit seulement demeure.

Si nous saisissons une chose, nous perdons les autres.

L’Univers est semblable à une bulle dans la mer.

Il y a de nombreux poèmes comme ça qui sont écrits sur les kyosaku.

Kyosaku, ça veut dire en japonais « bâton d’éveil », ça n’est pas une punition, mais c’est pour rééquilibrer l’esprit de kontin ou de sanran quand ils s’emparent de nous.

Sanran c’est ou trop de tensions, ou continuer à entretenir ses pensées. Continuer à penser. Normalement, il faut laisser passer les pensées sans les arrêter. Quand on n’y parvient pas, on demande le kyosaku.

Dans les dojos traditionnels, le maître ou des disciples marchent derrière les pratiquants pendant tout le zazen. Dès que l’un s’endort ou ferme les yeux, ou est trop crispé, alors le kyosaku peut être donné d’office.

Nous, ici en Europe, on attend que les gens le demandent s’ils le souhaitent. Ce n’est pas non plus seulement un massage.

Ensuite, maître Deshimaru donne des précisions sur la manière dont il faut demander et recevoir le kyosaku. Je vous les lirai la semaine prochaine.