Est-il nécessaire de souffrir ?

est il necessaire de souffrir
Mondo - questions à un maître zen
Est-il nécessaire de souffrir ?
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– Tu parlais de la souffrance et justement cette idée de la souffrance, la dernière fois, je n’ai pas pu la gérer, elle m’a submergée, vraiment.

Et étonnamment, c’était dès la première partie de la fin de la pratique avec la jambe droite donc il n’y avait aucun souci. Normalement, j’ai peut-être été plus tendue et plus crispée que d’habitude. Et cette souffrance, effectivement, elle m’a complètement submergée. Je n’ai pas réussi à la maîtriser et je me demandais en quoi la souffrance est parfois nécessaire à quelque chose.

Dans le monde où nous vivons, on ne peut pas séparer plaisir et souffrance. Et Sensei disait : en zazen  vous souffrez, c’est difficile, c’est austère, mais après zazen, vous avez la pêche, vous avez envie de rire et vous sortez joyeux.

Alors que par exemple, si vous allez en boîte de nuit, la nuit, c’est très agréable, tout de suite c’est agréable, vous buvez, vous fumez des clopes, vous avez des copains, des copines, vous dansez. Donc, ce n’est pas du tout difficile comme le zazen. Mais par contre, quand vous rentrez chez vous…

On se rend compte que la souffrance elle est vachement dans la tête. C’est psychique et on se rend compte que la même souffrance qu’on avait avant, qui était absolument insoutenable quand on était débutant, on ne la sent même plus quand on est habitué. Non seulement on ne la ressent même plus, mais elle est agréable, elle se transforme en énergie. l y a une partie dans le zazen où il faut apprendre à gérer cette souffrance et les gens veulent se faire du bien tout de suite, mais il faut aussi affronter, gérer sa souffrance et la transformer en confort. Après si c’est trop confortable, ce n’est pas bien non plus.

Mais il y a un moment en zazen où on se dit bon c’est bon, on décroise un peu la jambe, ce n’est pas non plus de l’ascétisme. Il faut savoir s’arrêter raisonnablement. On est notre propre maître et si tu as trop mal, tu salues les gens qui sont à côté et tu défais la posture.

Il y a beaucoup de gens qui, à une certaine époque de leur pratique, tombent dans les pommes et c’est un truc qu’ils lâchent. On les retient, on les sort dehors, on les fait respirer un peu, c’est fini. Ils reprennent zazen, mais ils ont passé quelque chose. C’est ce dépouillement du corps et de l’esprit.