
– Je relisais Maître Deshimaru. Il parlait de zazen en disant : “Penser du tréfonds de la non-pensée”. Pouvez-vous développer cela un peu ?
– Oui, c’est comme le son du mental si on le laisse passer, au début, il n’y a rien, puis on entend “bla bla bla”, et ça s’amplifie. Comme le monsieur qui est passé dans la rue tout à l’heure : le son s’amplifie quand il est juste devant la porte, on entend tout ce qu’il dit, ça devient réel, puis il s’éloigne petit à petit et on retourne au silence.
En fait, penser du tréfonds de la non-pensée, c’est être conscient de ses pensées, s’en détacher, et être conscient qu’on ne pense pas. Le mental s’enchaîne sans fin : on pense à un truc qui en amène un autre, et ainsi de suite depuis la naissance jusqu’à la mort.
Cette pensée “Hishirio“, comme l’a appelée Maître Dogen, signifie penser au-delà, c’est la conscience éveillée, au-delà du monde mental. On voit les choses telles qu’elles sont. Elles se déplacent et on ne bouge pas. C’est ça le zazen : apprendre à penser et à ne pas penser, penser sans penser et ne pas penser en pensant.