Zen et science

Kusens de Maître Kosen
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Published: 08/06/2013 | Updated: 16/11/2024

Notre maître Deshimaru nous avait enseigné l’importance de la posture dans la pratique du zazen. Il avait écrit, en collaboration avec le docteur Paul Chauchard, un livre intitulé Zen et Cerveau, où il exprimait l’idée que, dans un futur proche, il serait possible d’expliquer scientifiquement la conscience du zazen, cette conscience particulière du Bouddha.

Tout est basé sur la posture, un aspect souvent négligé par ceux qui parlent de méditation. Une posture correcte est essentielle, notamment :

  • l’alignement de la colonne vertébrale,
  • la position calme et droite de la tête, sans crispation.

La correction minutieuse de la posture dans un dojo permet d’établir des points de référence, notamment pour la tête, qui a tendance à basculer en avant ou en arrière. Par exemple :

  • Étirer la nuque réveille les fonctions du cerveau reptilien (cerebellum), une partie du cerveau souvent négligée dans notre civilisation moderne.
  • Cette pratique renforce progressivement l’arrière du crâne et rééquilibre l’attention excessive portée au cerveau frontal.

Dans le zazen, la posture de la tête ouvre deux “fenêtres” importantes :

  • La première est située derrière la nuque, au niveau du cerveau primitif. Cette ouverture permet de réveiller une conscience primitive profonde.
  • La seconde se trouve au creux des clavicules, à hauteur du chakra de la gorge, un point énergétique essentiel. Ouvrir cette fenêtre libère le haut des poumons et favorise la circulation énergétique.

Lorsque la posture est correctement prise :

  • Le menton légèrement rentré ralentit et régule l’activité du cerveau frontal, apaisant ainsi la pensée consciente.
  • Cette pensée devient alors observable par le cerveau primitif, ce qui représente un équilibre entre deux parties essentielles du cerveau.

Cette interaction entre cerveau primitif et cortex cérébral, bien que non exprimée de manière scientifique dans les soutras, est décrite poétiquement. Par exemple, Maître Dôgen parle de la “pensée du tréfonds de la non-pensée”, un concept qui remonte aux anciens soutras tels que la Prajnaparamita.

Dans le zazen, la pensée consciente du cortex est observée par le cerveau primitif. Cet état d’observation est au cœur du zazen et favorise une connexion profonde entre :

  • le cerveau primitif, qui contient une richesse d’informations depuis l’origine de l’univers,
  • et le cortex, le siège de la pensée individuelle moderne.

La posture de zazen établit également une communication optimale entre le corps et l’esprit. La colonne vertébrale, en tant que prolongement de la moelle épinière, relie directement le corps au cerveau. Les vertèbres cervicales, en particulier, jouent un rôle central dans cet échange.

Un extrait du Shinjinmei illustre cette idée : “Si un esprit ne se manifeste pas, les phénomènes seront sans erreur.” Cette phrase, écrite il y a plus de mille ans, souligne que la manifestation de l’esprit humain introduit les erreurs. Cependant, une autre phrase du poème apporte une perspective complémentaire : “S’il n’y a pas d’erreurs, alors il n’y a pas d’enseignement, pas d’éveil, pas d’esprit.”

Ainsi, l’imperfection humaine, loin d’être une simple déviation, fait partie intégrante du cycle naturel de la perfection. Dans le zazen, l’observation des erreurs transforme ces dernières en enseignement. C’est là l’essence du Dharma : la potentialité de transformer nos imperfections en sagesse.

Face aux défis du monde actuel, cette pratique offre une réponse encourageante. À l’intérieur de chacun réside déjà la capacité de transformer les erreurs humaines en Dharma. Cela nous rappelle que même au sein de l’imperfection, il existe une voie vers l’harmonie universelle.