Published: 22/06/2013 | Updated: 18/11/2024
Au mois de novembre ou décembre, je dois donner une conférence dans le cadre d’un congrès, plus ou moins axé sur la sophrologie. Je dois commencer à réfléchir à ce que je vais partager. Dans la sophrologie, on étudie et utilise des techniques de méditation anciennes, comme le zazen et la marche kinhin. Pour ma part, je m’appuie toujours sur les bases de l’enseignement de Maître Deshimaru.
Maître Deshimaru expliquait que le zazen est susceptible de guérir certaines maladies, notamment des maladies psychosomatiques liées au système nerveux. Cependant, si l’on pratique le zazen dans le but explicite de guérir, cela ne fonctionne pas. C’est là que l’on aborde la notion de mushotoku : faire une action sans but, sans chercher un objectif particulier. C’est une attitude fondamentale dans le zen.
Le concept de mushotoku est difficile à intégrer. Pour un néophyte, cela peut devenir une contrainte intellectuelle : “Il ne faut pas avoir de but.” Or, dès que l’on introduit cette idée de “faut pas”, on s’éloigne de l’essence de mushotoku. Ce n’est pas un dogme, ni une injonction.
L’enseignement que je partage à ce sujet est que la posture de zazen elle-même induit le mushotoku. Par sa justesse physiologique, elle mobilise des zones spécifiques du cerveau et nous place dans cet état naturellement. Lorsque l’on est dans une posture correcte, on ne peut pas ne pas être mushotoku. Si ce n’est pas le cas, c’est que la posture est incorrecte ou mal pratiquée.
Maître Deshimaru disait également :
Le zazen, c’est la religion avant la religion.
Cette idée met en lumière une autre réflexion intéressante : les rites religieux fondamentaux, comme le fait d’enterrer les morts ou de leur offrir des fleurs, précèdent le langage articulé. Ces rites, qui expriment une reliance à une force transcendante, ne sont pas liés au cerveau intellectuel mais au cerveau profond.
Les hommes préhistoriques, incapables d’utiliser un langage articulé, pratiquaient déjà des rites religieux. Ils s’exprimaient peut-être par des onomatopées ou des gestes, mais pas avec des mots complexes. Le langage articulé, associé à l’intellect, est venu bien plus tard. Cela montre que la méditation et les pratiques fondamentales du rite religieux ne relèvent pas de l’intellect, mais d’un niveau plus instinctif et universel.
Les religions basées sur des textes et des dogmes compliquent souvent les choses, car elles s’adressent à la partie intellectuelle du cerveau, là où le zazen parle à un niveau plus profond. C’est aussi pourquoi expliquer le mushotoku avec des mots peut le réduire à une abstraction intellectuelle, voire à un dogme. Pourtant, mushotoku ne peut pas véritablement être expliqué : il doit être vécu à travers la pratique.
Je garde ces réflexions pour les approfondir lors de ma conférence.