La vie courante de l’homme engendre ce qu’on appelle le karma : chaque action, chaque parole, chaque pensée va engendrer de toute façon un résultat, va créer son propre résultat dans le futur. On appelle ça le karma.
Quand le résultat de l’acte survient dans notre vie, on va réagir, suragir, et créer à nouveau du karma. Le résultat des actions se produit parfois rapidement, parfois longtemps plus tard. Et le résultat d’une ancienne action ne connaît pas la cause de sa manifestation.
Ça peut venir d’il y a quelques heures, quelques semaines, quelques années. Ça peut venir d’il y a même quelques générations, ou quelques vies. Et quand on fait un acte, on ne sait pas non plus quand va s’en manifester le résultat. Les mauvaises causes et les mauvais résultats s’additionnent.
Kodo Sawaki compare ça à un champ de bataille où on entend tout le temps le bruit du canon et des fusils. On connaît sans arrêt le stress, la peur de mourir, la blessure, l’inconfort, le froid, les scènes de guerre, qui existent depuis cent, mille, dix mille ans. Kodo Sawaki dit :
« Zazen, c’est comme si tout le monde arrêtait de tirer ».
Il y aura sur le champ de bataille un silence qu’on n’avait pas entendu depuis longtemps. Le silence, le bruit du printemps, les oiseaux, tout ça, ça vaut le coup de l’écouter, de pouvoir l’entendre. Le zen, c’est comme si tout le monde s’arrêtait de tirer.
Zazen n’est pas une action ni un acte karmique. Il n’y a pas de but. Au contraire, zazen va libérer toutes les cellules de notre corps de leur stress et de leur avidité. Parce que quand nous-mêmes sommes avides, nos cellules, nos atomes deviennent avides.
On peut sentir en zazen toutes les cellules qui décompressent. Comme si, sur le champ de bataille, tout d’un coup, on n’avait plus peur, qu’un rayon de soleil nous réchauffait, qu’on entendait les oiseaux – chose totalement inhabituelle. Tout d’un coup, on sort des tranchées sans peur. Toutes nos cellules reçoivent de l’énergie cosmique.
Est-ce que c’est une action, zazen ? Est-ce que ça va entraîner un résultat un jour ou l’autre, puisque le résultat, c’est zazen lui-même, et qu’il est immédiat ? La chose la plus importante, j’ai entendu Louis de Funès dire ça, c’est de respecter la nature. De prendre exemple, observer, imiter la nature. Parce que la nature s’autoguérit, s’autoéquilibre et , finalement reprend ses droits.