Published: 08/02/2014 | Updated: 18/11/2024
Dès le départ du zazen, il est essentiel de bien s’installer. Cela commence par une répartition correcte du poids du corps sur les trois points qui forment la base de l’assise : les deux genoux fermement plantés dans le sol et le périnée en appui sur le zafu, le coussin de méditation. Ces trois points d’ancrage sont fondamentaux pour une posture stable et juste.
On ne s’assied pas sur les fesses comme dans un fauteuil, mais à l’arrière des cuisses, sur les ischions. Les genoux, bien en contact avec le sol, maintiennent l’équilibre tandis que le bassin bascule légèrement vers l’avant, au niveau de la cinquième vertèbre lombaire, située juste au-dessus du sacrum. Cette posture, précise et rigoureuse, prépare le corps et l’esprit à entrer dans l’expérience du zazen.
Dans les sūtras, il est dit que “le zazen est le roi des samadhi”. Mais qu’est-ce que le samadhi ? C’est l’état où l’on transcende le monde binaire pour entrer dans un mode analogique. Dans cet état, toutes les choses ne font plus qu’un. La conscience devient accrue, concentrée et unifiée. On pourrait dire que l’énergie entière de l’être se focalise en une seule chose, ou plutôt se fond en une seule chose.
Le samadhi n’est pas réservé à la méditation. Il peut survenir dans des moments d’intense concentration, comme dans le sport ou dans des situations où notre énergie vitale est engagée pleinement, par exemple pour se protéger. À ces instants, tout est ici et maintenant, et l’on oublie le reste.
Le zazen, lorsqu’il est pratiqué correctement, installe automatiquement celui qui le pratique dans cet état de conscience analogique. Une fois entré dans le samadhi, l’univers du zazen se révèle immense, et ses aspects innombrables. Pourtant, il est difficile, au niveau individuel, de mesurer ses effets ou de dire s’il sert véritablement à quelque chose.
Bien sûr, on sort du zazen avec un sentiment de bien-être, une énergie renouvelée, et une impression que les problèmes se sont dissipés. Cependant, il reste complexe de savoir si notre personnalité a fondamentalement changé. Ce qui est sûr, c’est que le zazen nous fait découvrir cet aspect analogique de nous-mêmes, ce mode d’être unifié.
C’est un peu comme dans un rêve. Pendant que nous rêvons, tout semble parfaitement logique. Une fois éveillés, le rêve paraît flou, presque insaisissable. De même, quand on sort du zazen, l’expérience est souvent difficile à verbaliser, comme un souvenir qui se dissipe. Pourtant, elle est inscrite en nous, silencieusement transformatrice.
“Je garde la tête bien droite.” Voilà l’essence : rester droit, enraciné, et ouvert à l’expérience.