Published: 29/03/2024 | Updated: 17/05/2024
Ça remplit votre espace. Si vous avez des pensées tristes, ça vous remplit de tristesse. Si vous êtes inquiet, ça vous remplit d’inquiétude. Ou alors, ce sont juste des pensées anecdotiques, ça vous remplit d’anecdotes.
Dans l’enseignement du zazen, on essaie de créer, d’élargir un espace silencieux. Dès que vous arrêtez de penser à quelque chose, vous créez un espace silencieux et bénéfique autour de vous. C’est ce que Wanshi appelle notre espace intérieur.
Quand vous remplissez votre espace intérieur de silence, soyez satisfait sans être perturbé par le désir d’agripper quelque chose.
Quand on nous enseigne le zazen, on nous dit : « il ne faut pas faire ceci, il ne faut pas faire cela ». Pour lâcher prise, pour laisser passer. En même temps, quand on veut pratiquer cet enseignement, on est perturbé par le désir d’attraper quelque chose : « Ça y est, j’ai un espace silencieux, un espace lumineux autour de moi, en moi ! » Dès le moment où l’on pense, ça vient, l’espace se remplit de nos illusions.
Maître Wanshi dit : « Dépasser votre comportement habituel ». Justement, notre comportement habituel, c’est de suivre, de s’identifier, et de créer un espace avec nos illusions.
Ce dont il faut se rendre compte, c’est que nos illusions changent, notre espace change, on ne s’en rend même pas compte.
Notre espace est libre et nous sommes libres, surtout quand nous faisons zazen. Nous sommes libres de créer des espaces de calme et de lumière. Il faut profiter d’être en zazen pour dépasser son comportement habituel.
Quand je me promène avec mon épouse dans la nature, tout le temps, elle me dit : « Oh, regarde, regarde! » Je ne sais pas ce qu’elle veut que je regarde, parce qu’il y a tellement de choses à voir.
Alors je lui dis : « Je n’ai pas besoin de regarder, je vois ce que j’ai à voir ». C’est un peu comme ça. « Réaliser le Soi qui n’est possédé par aucune émotion ». C’est très intéressant ce texte de Maître Wanshi : ça traite de l’attitude de l’esprit pendant zazen.
Je disais hier : « il y a la posture, la respiration et l’attitude de l’esprit ». Ce sont les trois piliers de la pratique de zazen. L’attitude de l’esprit, c’est la découverte par l’attention. Puisqu’on est attentif, on ne bouge pas, on n’est pas occupé à quelque chose, donc on voit directement comment fonctionnent notre esprit et notre mental.
La base de l’attitude de l’esprit, de la posture de l’attitude de l’esprit, c’est : « ni kontin, ni sanran ». Kontin c’est s’endormir, sanran, c’est s’énerver. Si on laisse les yeux se fermer, on arrive rapidement à s’endormir. Or, il faut maintenir un état d’esprit alerte, éveillé, conscient. Maître Deshimaru l’expliquait.
Quand on est en sanran, on est bien éveillé, on ne dort pas, mais on est un peu nerveux, on a tendance à penser. Quand on est en kontin, la pensée se calme, et notre mental est silencieux, c’est formidable. Sauf qu’on s’endort. Il ne faut pas s’endormir. Tout d’un coup, la tête commence à tomber en avant.
Ça, c’est la base de l’attitude de l’esprit : kontin et sanran.