Quand le kyosakuman passe derrière vous. Normalement on ne demande pas le kyosaku dans un dojo traditionnel, il est donné d’office. Il y a des kyosakuman, on appelle ça comme ça.
Ils observent. Et s’il y en a un qui bouge ou qui cligne trop des yeux ou qui gigote, alors à ce moment-là, tac, on lui touche l’épaule, il doit saluer et bam, on lui donne un coup.
Mon maître Deshimaru donnait un coup sur chaque épaule pour que ce soit bien équilibré parce que les Européens s’intéressaient aux massages et au shiatsu. Ils disaient : « Ouais, mais vous avez tapé que l’épaule droite ». Alors il a dit : « Bon, maintenant je vais taper les deux épaules ». Ça faisait une sorte de massage et comme il était intelligent, il s’est adapté à la culture française et européenne. Puis, comme les gens ont assimilé ça aussi à un massage et un peu à l’acupuncture, il a permis aux gens de le demander.
On est passé du kyosaku d’office à attendre que les gens le demandent. En réalité, le kyosaku d’office, c’est mieux. Parce que quand il y a le maître derrière et qu’on est assis, on a une grande concentration, parce qu’on a peur de recevoir un coup.
Mais maintenant qu’on n’a plus le droit à la fessée dans la société européenne, si on donne le kyosaku d’office aux gens dans le dojo, ils peuvent porter plainte pour coups. C’est important de dire : « Non, mais il me l’a demandé, je lui ai donné, mais il me l’a demandé ». Alors là, on rentre dans une relation sado-maso, c’est déjà mieux.
On demande poliment le kyosaku à l’intuition, pas quand le kyosakuman est de l’autre côté du dojo, mais quand il passe juste derrière. On essaie de se synchroniser, de ne pas trop penser.