Published: 04/12/2022 | Updated: 03/06/2024
Un jour, Maître Tosan marchait avec un de ses disciples. Il lui montra du doigt un ermitage près du chemin.
Tosan dit :
– Dans cet ermitage, il y a quelqu’un qui manifeste l’esprit.
Le disciple demande :
– Qui ça ?
– Vous me demandez qui c’est, alors qu’il vient juste de mourir.
Le disciple insista et voulut poser 10 000 questions.
– Qui a manifesté l’esprit en lui ? Est-ce qu’il a manifesté la nature ?
Le maître répondit :
– Il est mort, mais il peut vivre dans la mort.
Maître Dogen raconte cette histoire et parle de manifester l’esprit. En japonais, sesshin, comme quand on dit : « je vais en sesshin ». Setsu, ça veut dire toucher, manifester.
Maître Rinzaï disait « Ushin » : il n’y a pas d’esprit, pas de nature. Mais maître Dogen critiquait cette attitude un peu nihiliste. Pour exprimer cela, il parle de manifester l’esprit et de manifester la nature. C’est la source de la voie du Bouddha, dit-il. C’est sesshin, sessho. Toucher l’esprit, toucher la nature. Manifester l’esprit, manifester la nature.
Sans cette manifestation, il n’y a pas non plus l’esprit du débutant, l’esprit de décision. Celle de devenir moine par exemple. La décision de vouloir pratiquer la voie, de devenir moine. Dans ce cas-là, ni la Grande Terre ni aucun des êtres sensibles ne pourraient obtenir le satori ni la vraie voie. Dogen critique donc Maître Rinzaï.
Cet après-midi, Christophe va faire une démonstration de calligraphie chinoise. La calligraphie c’est justement manifester totalement l’esprit, la nature. Une calligraphie, ce n’est pas seulement un mot, une idée, c’est aussi une forme, un élan vital, une énergie, une manifestation.
Sensei Deshimaru disait que la voie du zen n’était ni nihiliste ni matérialiste.