Mondo octobre 2014

Mondo - questions à un maître zen
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Mondo octobre 2014
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Published: 20/10/2014 | Updated: 20/11/2024

Question : Est-ce que fumer du haschich peut mener à la dépression ?

Maître Kosen : Je pense qu’il y a un âge pour tout, un temps pour tout. Honnêtement, on ne peut pas toujours savoir ce qui est bénéfique ou non. Prenez un gars qui fait une erreur, finit en prison… Il pourrait en tirer du positif ou du négatif. On ne peut jamais vraiment prédire.

En ce qui concerne le haschich, c’est une substance qui fatigue et crée des illusions. Cela épuise votre énergie, vous rend apathique, vous enlève l’envie de réagir. Peut-être que c’est pour ça qu’il n’y a pas de révolution en France, les gens fument trop de haschich ! (Rires.)

D’ailleurs, je trouve qu’ils devraient légaliser le haschich : comme ça, au moins, on serait sûr que personne ne se révolterait ! Mais bon, à titre personnel, j’en ai fumé quand j’étais jeune. Je me souviens d’aller à l’école, prendre le métro après avoir fumé un joint avec ma sœur. On se marrait, on se sentait un peu bêtes, mais c’était une expérience, une époque. Les années 60-70 avaient leur atmosphère propre.

Question : Donc, selon vous, il faut faire comme on le sent ?

Maître Kosen : Oui, mais tout dépend de la personne et de la situation. À un moment, j’étais dépendant, je fumais tous les jours. J’étais malheureux, apathique, j’avais mal au ventre. J’ai fini par arrêter, le tabac et le haschich d’un coup. J’étais jeune, c’est plus facile d’arrêter à cet âge-là parce qu’on a encore de la ressource.

Arrêter, c’est une expérience en soi. On se sent un peu « stone » au début, mais ça fait du bien. Certains, même après des décennies, continuent avec un petit joint le soir pour se détendre. Je ne vais pas les dénoncer. (Rires.) Chacun a ses moyens pour gérer le stress et les angoisses. Pour certains, c’est le haschich, pour d’autres, ce sont les calmants.

Mais on n’a pas besoin de substances pour trouver un autre point de vue. On peut atteindre cet état naturellement, grâce à la pratique. Ça demande un effort, mais c’est plus sain et durable.

Sur la posture en zazen

Question : J’ai du mal à bien intégrer la posture. La paume de main doit-elle être verticale ou horizontale ?

Maître Kosen : Les mains doivent être horizontales. On place la dernière phalange du pouce sous le sternum, dans le petit creux. Les avant-bras sont horizontaux ou légèrement inclinés vers le bas. C’est une posture transmise avec précision depuis le Bouddha.

Déjà, à l’époque de Maître Nyojô, le maître de Dôgen, il disait : « Je suis le seul à connaître cette méthode correcte. » Cette rigueur s’est transmise de maître à disciple depuis des siècles.

Sur le kyosaku (bâton de méditation)

Question : Et le kyosaku, quand est-ce qu’il est utilisé ?

Maître Kosen : Traditionnellement, au Japon, le kyosaku était administré d’office. Si un pratiquant n’était pas concentré, le maître passait et frappait légèrement sur un point précis de l’épaule, un lieu où de nombreux méridiens se croisent.

En France, quand mon maître a introduit le kyosaku, les gens ont commencé à le demander volontairement. Ça réveille, ça aide à mieux méditer, surtout si on est nerveux. Cela stimule l’énergie dans tout le corps. Mais attention, si le coup tombe mal, sur un os, par exemple, on peut hésiter à le redemander !

Sur les sutras et la pratique

Question : Que signifie l’Hannya Shingyo que l’on chante ?

Maître Kosen : L’Hannya Shingyo, ou Soutra du Cœur, est un texte fondamental du bouddhisme. C’est une essence condensée d’un grand soutra indien de 600 volumes, compilé il y a environ 2000 ans par Nagarjuna. C’est un texte commun à tout le bouddhisme, quelle que soit la tradition (japonaise, tibétaine, chinoise, etc.).

Il contient aussi des mantras, comme le fameux « Gaté, Gaté, Paragaté, Parasamgaté, Bodhi, Svaha ». Ces mots ont une vibration particulière qui agit sur l’esprit.

Dans le zen, nous donnons la priorité à la pratique, comme le zazen, mais nous respectons ces sutras pour leur transmission de l’essence du bouddhisme.

Sur les effets de la pratique

Maître Kosen : La pratique, qu’il s’agisse de zazen ou de rituels comme le sampaï (révérences), a des effets profonds. Par exemple, en s’agenouillant et en joignant les mains, on réharmonise notre cerveau avec l’énergie de la terre. C’est une véritable médecine, une prévention contre la folie.

Beaucoup associent ces gestes à la prière, mais il ne faut pas se limiter à cette idée. Les gestes, les postures, ont une influence réelle sur l’esprit. C’est une science en soi.