Published: 31/08/2013 | Updated: 18/11/2024
Les preuves scientifiques montrent que la religion, c’est-à-dire les rites et actes religieux, existaient avant l’apparition du langage articulé. Avant que l’homme sache parler ou écrire, la religion existait déjà. Cela constitue un point essentiel dans le zen.
Mon maître, Deshimaru, nous répétait souvent que le zazen, cette pratique mobilisant toute l’énergie du corps et de l’esprit, est “la religion avant la religion”. Une question fondamentale se pose alors : comment exprimerions-nous notre esprit religieux si les mots n’existaient pas ? Comment formulerions-nous nos idées sans le langage ?
Aujourd’hui, les religions qui gouvernent le monde sont fondées sur des mots, des livres et des phrases. Ces structures verbales introduisent un trouble dans notre intuition primitive. Dans le Shinjinmei, un poème affirme :
Pas d’erreur,
Pas de Dharma,
Pas de Dharma,
Pas d’esprit.
S’il n’y a pas d’erreur, alors il n’y a pas d’enseignement, pas de prise de conscience de l’esprit. Aussi puissants et merveilleux que soient les mots, ils engendrent nécessairement des erreurs et des doutes. Chaque mot a une face claire et une face obscure. C’est précisément à travers cette ambiguïté que nous sommes poussés à rechercher plus profondément, jusqu’à la racine, pour redécouvrir l’esprit que nous possédions déjà avant l’invention du langage.
En revisitant notre dimension préhistorique, nous intégrons désormais la conscience et l’enseignement du Dharma. Grâce à cela, nous prenons conscience de l’existence de l’esprit. Ce n’est pas une spécificité humaine : les animaux aussi ont un esprit. Mais, contrairement à eux, nous pouvons en avoir conscience. Nous savons que nous avons un esprit.
Dans le zen, cet esprit est appelé “la pensée silencieuse”, “la pensée brillante” ou encore “la lumière silencieuse”. Il peut également être désigné par le terme “intention”.
31 août 2013