Basculez bien le bassin. Parce qu’on va exagérer la cambrure de la cinquième vertèbre lombaire. La cinquième vertèbre lombaire, c’est la première vertèbre mobile, au-dessus du sacrum. Jusqu’au sacrum, les os sont soudés. On n’a donc pas d’alternative. On doit suivre cette soudure : elle est trop solide. Et à partir de la cinquième vertèbre lombaire, on peut cambrer. C’est assez délicat, parce qu’il arrive qu’il y ait des gens qui sont déjà hyper cambrés par la scoliose.
Les points importants dans la posture de zazen, c’est que les genoux soient plantés, ancrés, comme on dit, au sol, plantés dans la terre. On pousse le sol avec les genoux. À ce moment-là, on accentue un peu la cambrure de la cinquième vertèbre lombaire. On n’est pas assis sur l’arrière des fesses, mais sur les ischions, sur le haut des cuisses.
C’est important de faire cet effort pour comprendre les sensations du zazen. On ne doit pas être assis comme dans un fauteuil. Maître Kodo Sawaki disait : « Vous devez avoir l’impression que l’anus regarde le soleil. »
Une fois qu’on a positionné les jambes, les vertèbres lombaires, on n’a plus qu’à positionner la tête et la nuque. C’est pareil. Grâce à la bascule du bassin, on débloque la nuque. On peut avoir la sensation d’étirer la nuque, de l’ouvrir, comme une fenêtre. Et en même temps, on rentre le menton. Rentrer le menton et tirer la nuque, ça va ensemble. Parce qu’en étirant la nuque, on empêche la tête de partir en avant.
Ce qui fait la différence dans cette posture de zazen, c’est le zafu, le coussin. Évidemment, c’est parce qu’on a mis une cale que toutes ces cambrures se complémentent. Le choix du zafu est très important. C’est bien d’avoir son propre zafu, de le faire petit à petit à sa taille idéale. Ni trop haut, ni trop bas, ni trop dur, ni trop mou. C’est mieux d’employer un tissu de coton, un tissu assez rigide. Les zafus en velours côtelé sont un peu trop mous, ils se déforment rapidement.
Je disais tout cela parce que je repense à la première fois que j’ai pris la position du lotus. Ce n’était pas au dojo, c’était en vacances. Il y avait trois personnes de ma famille qui pratiquaient le zazen avec moi. Un jour, tac, je me suis mis en lotus. Évidemment, les cinq premières minutes, j’ai ressenti une grande douleur, des sueurs. Et tout d’un coup, boum ! J’ai quitté mon corps. J’ai fait zazen à quatre ou cinq mètres au-dessus de mon corps. Je me demandais comment j’allais arrêter le zazen. Qu’est-ce que j’allais faire ? Qu’est-ce que je devais faire ? Je n’ai pas bougé. Je suis resté dans la bonne posture.
Vous remarquerez, quand vous aurez l’habitude, que si vous prenez la posture parfaite du lotus avec un bon zafu, tous les contraires se complémentent. On dit : poussez la terre avec les genoux. Mais on n’a pas besoin de pousser la terre avec les genoux, parce que les pieds eux-mêmes poussent naturellement sur les cuisses. Donc, plus on lâche, plus on pousse. Par exemple, plus vous poussez en lâchant, plus la tête va presser contre le ciel. Donc, moins vous faites d’efforts, plus vous relâchez, plus vous abandonnez, plus vous êtes fort dans votre posture.
Kaïjo !