Les attitudes du corps en zazen

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Kusens de Maître Kosen
Les attitudes du corps en zazen
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Notre corps est marqué par des attitudes, des intentions, des peurs, des mouvements de protection ou de l’agressivité. En zazen, on défait, on démêle ses attitudes, on lâche.

On pense que la pensée n’est pas liée au corps, mais c’est tout à fait faux. Une seule pensée va influencer toute une partie du système nerveux et musculaire et nous faire prendre des attitudes inconscientes. Il y a les attitudes anciennes, peut-être des attitudes qui datent de notre enfance, et il y a les attitudes actuelles, les soucis, les envies, que l’on exprime par le corps.

À la préhistoire, les êtres humains avaient un langage rudimentaire. Même leur langage ou leurs onomatopées étaient plus des mouvements que des mots ou des idées intellectuelles. Dans la vie moderne, c’est pareil, ça continue. On ne s’exprime pas comme des hommes préhistoriques, mais les attitudes persistent, les attitudes de peur ou d’agressivité, et elles influencent la posture.

C’est pour cela que, dans le zen, quand je suis arrivé, j’ai entendu l’enseignement de Maître Deshimaru. C’était juste après que Maître était arrivé en France, et il insistait tout le temps. Il disait que le plus important, la seule chose vraiment importante dans le zen, c’est la posture. Pour nous, c’étaient des paroles étranges. En quoi la posture est-elle importante ?

les attitudes du corps en zazen

On montrait l’exemple de diverses personnes en train de prier, des chrétiens ou d’autres bouddhistes, qui ne faisaient pas attention à la posture. Par exemple, ils laissent tomber la tête vers l’avant ou pensent à quelque chose de spécial. Ils imaginent un endroit idyllique ou une lumière, ou stimulent le cœur en répétant « l’amour, l’amour, l’amour ». Mais là, c’était juste une posture physique, la posture du Bouddha, la posture de zazen. Il n’y a pas d’idée derrière, pas de but, pas d’intention, pas de peur. Il faut très longtemps pour réaliser que la conscience et la posture ne font qu’un.

Alors au début, quand on est débutant, on nous apprend les techniques, on nous apprend la technologie de la posture de zazen. Les doigts doivent être comme ceci, les mains doivent être comme cela, les coudes doivent être comme cela. La nuque doit être ainsi, le menton doit être rentré. Mais au début, même si on nous le raconte comme je le fais maintenant, on ne le réalise pas, on ne s’en rend pas compte.

Après, cela devient clair. Quand cela devient clair, on n’est plus des fanatiques du zazen, on est simplement en train d’observer quelque chose qu’on a intégré. La posture de zazen est merveilleuse, puissante. Elle nous ramène aux conditions normales, aux conditions originelles. Elle nous aide à suivre l’ordre cosmique. Elle dissout tous les attachements, toutes les attitudes anormales. Sensei disait souvent :

Le mérite du zazen est infini.

On ne peut pas le définir, on ne peut pas le limiter, on ne peut pas chercher quelque chose. C’est infini. On ne peut pas comprendre. C’est un patrimoine, un trésor de l’humanité. Même quand on est malade, même quand c’est difficile, si on peut encore faire zazen, cela nous aide beaucoup. Cela a même une influence sur notre vie quotidienne, sur notre karma, sur notre famille.

Alors à vous de découvrir ce qu’expriment véritablement les moindres détails de votre posture. Par exemple, la position des mains : quand vous réussissez à avoir une belle position des mains, les pouces se joignent à l’horizontale à l’aplomb des majeurs. Le tranchant des mains en zazen doit être plaqué contre l’abdomen, environ dix centimètres sous le nombril. Tout cela est important.

Même dans le bouddhisme, il y a très peu de personnes qui attachent de l’importance à la position parfaite des mains. La correcte bascule du bassin, surtout si vous faites le lotus, est essentielle. La position du lotus vous aide à vous dépouiller du corps. Quand vous relâchez en bas, la nuque s’étire automatiquement, la tête se place correctement, la pensée se dissout.