Le vrai zen pur

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Kusens de Maître Kosen
Le vrai zen pur
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Il y a beaucoup de méditations qui ressemblent au zazen, et peut-être que le zazen ressemble à d’autres méditations. Mais quelle est la spécificité du zazen par rapport aux autres méditations assises ?

Quand j’ai visité le Japon avec Maître Deshimaru, nous sommes allés dans de nombreux temples, par exemple dans les temples Tendai, où ils pratiquent aussi le zazen, mais ils le pratiquent en regardant un mandala. La pratique du zazen en regardant un mandala, c’est peut-être très intéressant, mais ce n’est pas le zazen transmis, le pur zazen. Sensei nous expliquait cela.

Il y a beaucoup de méditations où l’on ferme les yeux et on s’imagine dans un endroit idéal, près d’un lac. On ressent le bien-être, le calme, on ouvre son cœur, on est heureux. C’est certainement très efficace, mais ce n’est pas le zazen.

– Qu’est-ce que vous faites pendant le zazen ?

– On ne fait rien.

– Donc, c’est une méditation nihiliste ?

Pendant le zazen, on ne fait pas rien puisqu’on intègre, on fait vivre la posture du Bouddha. Quand la posture du Bouddha vit, on n’a pas besoin de faire quoi que ce soit.

le vrai zen pur

L’attitude de l’esprit en zazen, c’est l’attitude du corps lui-même. Par exemple, la manière dont on regarde pendant le zazen. On ne doit pas fermer les yeux, mais on ne doit pas regarder. On perçoit les objets, mais on ne les identifie pas.

Dans le Zazenshin, il y est écrit :

Voir sans toucher l’objet.

On voit l’objet et en même temps on voit le non-objet.

C’est répandu dans la culture chinoise et japonaise. (Je viens de me réveiller, alors… Ce n’est pas que j’ai du mal à ne pas toucher l’objet, mais j’ai du mal à ne pas dormir. Donc, j’en parlerai plus profondément dans le prochain kusen.)

C’est nous qui donnons vie à la réalité en la regardant, en la parlant, en la respirant, en la goûtant. Et l’attitude de l’esprit pendant le zazen par rapport à tout cela, c’est ni toucher, ni pas toucher, ni voir, ni non-voir, voir l’aspect fondamental de tous les phénomènes sans les regarder.

La position des yeux, la posture du regard pendant le zazen, a toujours été un point extrêmement important.

Je me souviens, on commençait le camp d’été à Val d’Isère et Maître Deshimaru avait un rendez-vous très important. Il n’avait pas pu être là au premier zazen. Donc, pour le premier zazen, on m’avait demandé de le diriger. Il y avait 200 personnes. On était serrés comme des sardines dans un hôtel de Val d’Isère. J’ai fait un mondo. On m’a demandé des tas de détails sur le regard, les yeux. Il y a quelqu’un qui m’a dit :

« – J’ai un problème, c’est que quand je garde les yeux ouverts, j’ai des larmes qui coulent, je pleure. »

Je lui avais dit :

« – Oui, c’est le karma inconscient qui s’exprime, ce sont vos peines inconscientes qui s’expriment. »

Évidemment, j’avais entendu dire ça par Sensei une fois, cela m’avait plu.

Quand Sensei est arrivé, Philippe Coupey lui a raconté le mondo :

« – Stéphane a raconté que si on avait les yeux qui pleurent, c’est parce que c’est la tristesse inconsciente qui s’évacuait par les yeux. »

Cela a toujours été un point important, surtout pour les débutants : est-ce qu’on doit fixer le mur, est-ce qu’on doit regarder un point spécial, est-ce qu’on doit fermer les yeux, est-ce qu’on doit les ouvrir, est-ce qu’on doit loucher, est-ce qu’on doit voir trouble, est-ce qu’on doit regarder nettement les choses ?