Le vide s’est contemplé lui-même

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Kusens de Maître Kosen
Le vide s'est contemplé lui-même
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Si nous examinons cela, rien ne peut être comparé.

Voilà la phrase. Qu’est-ce que c’est « cela » ? Comment s’est créée la première existence ? À partir du rien. Comment la forme, le phénomène sont-ils apparus ? À partir du rien.

En se contemplant soi-même. Le vide s’est contemplé lui-même. Alors est apparu ce qu’on appelle la singularité. On dit dans l’Hannya Shingyo, dans les sutras:

Tout est vide.

Effectivement, maintenant la science le certifie. Dans l’univers, il y aurait 99,99999 % d’espace et seulement 0,0000001 % de quelque chose. Et même si on veut aller dans l’expression la plus microscopique de la matière, on verra encore de l’espace. Même un atome de carbone, qui a la densité la plus grande, entre le noyau et l’électron, si l’électron est gros comme une orange, il y a l’espace de deux terrains de football entre le noyau et l’électron. C’est toujours de l’espace, de l’espace.

Et plus on va dans le petit, plus on découvre encore 99,999999 % d’espace. En fait, dans l’univers, rien ne se touche, rien ne touche rien. On en viendra à penser que même la matière est du vide un peu plus dense, qui a une densité un peu plus grande et donne l’illusion de solidité.

Alors au début, il n’y avait rien. Mais quand ce rien s’est contemplé lui-même, c’est le zazen. Zazen, c’est se contempler soi-même. Donc, quand le vide, quand le rien s’est contemplé lui-même, il est apparu ce qu’on appelle une singularité. Mais cette singularité ne pouvait pas vivre d’expérience. Elle ne pouvait pas faire d’expérience, car elle était sans cesse au centre de tout.

le vide sest contemple lui meme

Elle ne pouvait pas voyager, découvrir, expérimenter, parce que le temps et l’espace n’existaient pas. Alors même si elle se déplaçait de milliers de kilomètres, elle était toujours au centre de toute chose.

Alors cette singularité s’est à nouveau contemplée elle-même. À ce moment-là sont apparues la conscience primaire et la conscience secondaire. Elle s’est contemplée elle-même. Il y a donc l’observateur qui se contemple lui-même. À ce moment-là, le temps et l’espace apparaissent, puisque la conscience secondaire prend du temps et de l’espace par rapport à la conscience primaire et la conscience primaire observe la conscience secondaire.

Alors, une fois que le temps et l’espace sont apparus, on a pu commencer à expérimenter, faire l’expérience, être conscient. Pour être conscient, il faut du temps et de l’espace. Le temps que notre visage, par exemple, se reflète dans un miroir et que ce reflet nous revienne, alors on prend conscience de soi-même, de son existence, comme Narcisse.

Vous voyez que le processus de méditation non seulement existe depuis l’origine, mais il est lui-même l’origine. Se contempler soi-même, c’est à l’origine de toute chose.

Tout cela pour expliquer cette phrase qui, apparemment, est incompréhensible :

Si nous examinons cela, rien ne peut être comparé.

Cela, c’est la singularité. Et cela, c’est la conscience secondaire, c’est-à-dire nous. Pendant zazen, on observe, on s’observe soi-même, on se contemple soi-même. L’observateur, c’est le père, la conscience secondaire soi-même, c’est le fils.