Published: 20/10/2021 | Updated: 30/05/2024
Un moment de conscience vaut 10 000 années.
C’est un peu comme quand on lit un livre. On en lit une ou deux pages, puis au bout d’un moment, on se rend compte qu’on pensait complètement à autre chose. Et que l’on n’a rien compris à ce qu’on vient de lire.
Ça, c’est notre vie, en général : des moments sans conscience. Sans conscience de quoi ? Sans conscience d’être. D’être le centre de l’univers. Ce n’est pas une seule personne qui est le centre de l’univers. C’est chaque personne, chacun.
Donc, zazen est une voie directe, rapide, abrupte, qui mène à cette conscience éveillée. C’est comme quand on lit et que l’on ressent chaque mot. On a l’impression que le livre nous parle à nous-même, que c’est le reflet de nous-même. À ce moment, on est complètement éveillé à la lecture. On aurait lu les mêmes lignes un quart d’heure plus tôt, on n’aurait rien écouté, compris, ni entendu.
Donc, dans le zazen, dans l’enseignement du Bouddha et de la posture assise. On positionne son corps dans ce qu’on appelle « la posture d’éveil ». Quand on a trop marché et qu’on trouve une pierre plate, on dit : « Ah,on va s’asseoir cinq minutes à l’ombre ! ». Quand on pose ses fesses sur la pierre,on souffle : « Ah, que ça fait du bien ! ».
C’est une posture d’éveil. Parce que chaque positionnement de notre corps compte, même les petits détails : les doigts, le contact des pouces, la forme des mains, le relâchement des épaules. Toute la forme, la posture, l’attitude du corps, nous libère. Nous rend conscients.
La conscience de « je suis », c’est comme quand vous venez de naître. Vous dites : « Je ne sais pas où je suis, je ne sais pas où je vais, je ne sais pas ce qui se passe, mais je suis. » Cette posture, on l’avait déjà dans le ventre de notre mère. Pendant toute la gestation, on a eu cette posture. « Je ne sais pas qui je suis, je ne sais pas où je vais, mais je suis. » « Je suis vivant, je suis là. » C’est très important, cette conscience.
Finalement, cette conscience n’est pas mentale. Au lieu d’utiliser le mental, on se concentre sur le corps. On dompte la partie animale. Pendant le camp d’été, j’ai dit qu’il n’y avait pas seulement la posture. Ce n’est pas seulement de la gymnastique.
Il y a aussi le kesa. La robe traditionnelle transmise depuis le Bouddha. C’est la marque de notre souveraineté. Le kesa, c’est comme l’esprit par rapport au corps. Quand on revêt son kesa, on est semblable à un roi. Le roi de soi-même. Souverain de soi-même. On n’est pas seulement « je suis », mais on est. Je suis souverain, je suis moi-même. Je suis Bouddha.
On comparait le kesa au placenta qui est dans le ventre de la mère. Parfois, les nouveau-nés naissent avec le placenta sur la tête. C’est le symbole du fait qu’avant de revêtir le kesa, on récite le Dai sai geda puku, en mettant le kesa sur sa tête. Ce sont des enseignements très simples, fondamentaux, et de bon sens. Le bon sens plutôt que l’intelligence.