Published: 30/12/2021 | Updated: 03/06/2024
Il faut faire un exercice d’équilibre avec la cinquième vertèbre lombaire, soit la première vertèbre mobile au-dessus du sacrum. C’est comme lorsque l’on essaie de faire tenir un bout de bois en équilibre sur son index.
C’est important de générer des forces qui ne sont pas personnelles. C’est pour ça que j’ai parlé de la force gravitationnelle, tout à l’heure. Ce n’est pas une force personnelle. On l’utilise, elle nous enracine. Ça dépend beaucoup de la position du bassin. Parfois, il faut diminuer la cambrure, parfois il faut l’accentuer. En général, Maître Deshimaru accentuait bien la cambrure pour les débutants, pour que l’on comprenne bien. Maintenant, il ne faut pas exagérer non plus.
Je reviens au poème 63 de Shinjinmeï :
Un moment de conscience devient 10 000 années.
Il parle de la conscience hishiryo, la conscience de zazen, qui n’est pas mentale, qui n’est pas attachée à notre ego, la conscience pure. Sensei dit que cette conscience-là va plus vite que la lumière, qu’elle contient toutes les connaissances de l’univers. D’ailleurs, qu’on le veuille ou non, notre corps est fait de tous les éléments primordiaux de la création de l’univers. Toutes les parties, toutes les particules de notre corps ont une expérience immense, de toute notre histoire.
Je disais que les kanji Hen et Shu faisaient penser aux deux forces cosmiques fondamentales : la force gravitationnelle et la force antigravitationnelle. On peut très bien ressentir dans le zazen ces deux forces qui se contrebalancent : celle qui nous enracine et celle qui nous fait aller vers l’infini, vers l’illimité.
L’énergie antigravitationnelle représente 666 pour 1000 de l’énergie totale (le fameux 666, je ne sais pas s’il y a un rapport), faisant contrepoids avec les 333 pour 1000 de la force gravitationnelle. Un certain Garnier-Malet dit que dans l’univers, ces 666 000 millièmes existent. Ils correspondent à une force d’expansion de l’espace et de l’accélération du temps. Personne n’y croyait, mais par bonheur, deux observations du cosmos ont permis de vérifier l’existence de cette énergie totalement inconnue et de la faire accepter.
Un certain Saul Perlmutter, de l’Université de Berkeley en Californie, et Brian Schmidt, de l’Université nationale australienne, ont observé chacun de leur côté l’explosion d’une étoile, c’est-à-dire une supernova, et ils en ont déduit qu’une énergie inconnue, représentant 66,6 % de l’énergie totale de l’univers, s’opposait à la gravité, entraînant de ce fait une extension de l’espace. Finalement, la communauté scientifique a fini par accepter leurs conclusions, sans pour autant en connaître la cause – liée précisément au dédoublement de l’espace et du temps – ce fameux « Un moment de conscience devient 10 000 années ».
En vérité, cette énergie de 666 millièmes du tout attire vers nous des futurs dangereux, tandis que les 333 millièmes de la force nous enracinent dans les ouvertures d’un passé lumineux. Donc nous on est le 1 %. 666 et 333 : il reste 1 %. Si on se précipite vers le 666, la force d’expansion, sans avoir de racines solides, sans avoir de référence, on risque de rencontrer un futur dangereux. Il faut commencer par trouver ses racines.
Le zen qu’on pratique ici, par exemple, a 2500 ans d’expérience, qui a été transmise d’être à être. À ce moment-là, on peut maîtriser les 666 et créer de nouveaux paradigmes. On peut créer de nouvelles choses qui n’existaient pas jusqu’à présent, à partir de l’expérience des anciens. Sinon on risque de créer des civilisations qui vont se détruire elles-mêmes. C’est ça que ça veut dire en gros, avec mon histoire de 666. Mais c’est intéressant, je ne savais pas que la force antigravitationnelle représentait 666 millièmes de la force totale.