Published: 05/07/2014 | Updated: 18/11/2024
Je poursuis les commentaires du Shin Jin Mei. Dans le Zen, la vérité n’est pas un concept abstrait. Elle correspond aux conditions originelles, à l’harmonie et à l’équilibre entre toutes choses. C’est pour cette raison que le zazen occupe une place si importante : à travers notre corps et notre métabolisme, nous apprenons à créer cet équilibre. Une fois établi, le mental s’apaise, suit naturellement et se calme.
Dans le 37e poème du Shinjinmei, il est mentionné deux tendances opposées. La première, appelée ken hen en japonais, s’oppose à la vérité. La seconde, kontin, s’en échappe.
Ken hen s’oppose à la vérité,
Kontin s’en échappe.
Ces deux tendances se retrouvent dans la pratique du zazen.
Sanran désigne un état d’agitation mentale, lorsque l’esprit est envahi par des pensées incessantes, que nous sommes en opposition constante, toujours en mouvement. Dans la pratique du zazen, cela se manifeste par une tension intérieure, une incapacité à calmer l’esprit, voire une envie irrésistible de se lever et de fuir.
Kontin, en revanche, décrit un état de somnolence. Le corps est stable et le mental semble calme, mais l’attention est perdue, tout comme l’éveil. Cet état illustre une perte de concentration, souvent associée à l’endormissement. Dans le Zen, où l’on parle fréquemment d’éveil, ce terme peut aussi s’entendre littéralement.
Pour éviter ces deux extrêmes, il est essentiel de garder les yeux ouverts pendant le zazen, bien que même les moines expérimentés puissent s’endormir les yeux ouverts. Des études électroencéphalographiques ont révélé un phénomène intéressant chez les pratiquants de zazen : la coexistence d’ondes cérébrales antagonistes. On y observe des ondes liées à la concentration et à l’éveil total, en même temps que des ondes associées au sommeil profond.
Cet état d’équilibre unique traduit l’essence du zazen. On ne s’échappe ni dans l’agitation, ni dans la somnolence. On reste pleinement concentré tout en étant complètement relâché, abandonné, sans tension ni opposition.