Published: 06/09/2014 | Updated: 18/11/2024
Comment pensait l’être humain avant de connaître le langage articulé ? L’homme préhistorique, avant l’existence des mots, utilisait davantage son cerveau moyen et son cerveau profond, ce qu’on appelle souvent le cerveau reptilien. Il était en fusion avec la nature, pleinement connecté à son corps, percevant les odeurs portées par le vent, avec un instinct plus aiguisé et une pensée silencieuse, fondamentale.
Maître Deshimaru disait : “Le zazen, c’est revenir à notre origine, retrouver la conscience préhistorique.” Dans cette pratique, on pense directement avec le corps. Les instructions pour adopter la posture correcte sont elles-mêmes une forme de pensée préhistorique, passant entièrement par la conscience corporelle.
Au départ, la concentration se porte sur les points clés de la posture.
- Est-ce que mon menton est bien rentré ?
- Est-ce que ma nuque est étirée ?
- Mes épaules tombent-elles correctement vers le bas ?
- Ma colonne est-elle droite ?
- Mon bassin est-il bien basculé vers l’avant ?
- Mon abdomen est-il détendu ?
- La position de mes mains est-elle juste ?
- Le contact entre mes pouces est-il précis ?
Cette attention intégrale à la posture empêche toute dispersion vers des pensées liées au passé ou au futur. On adopte une manière de penser à travers le corps, une conscience qui rappelle celle des hommes préhistoriques.
Si le langage articulé marque une évolution, il entraîne également une perte. À chaque avancée humaine — que ce soit l’invention du langage, de l’agriculture, de la radio, de la télévision ou de l’informatique — quelque chose est gagné, mais quelque chose est aussi perdu. L’homme s’éloigne peu à peu de certaines facultés fondamentales, enfouies mais toujours présentes en lui.
Pratiquer le zazen, c’est retrouver ces facultés, ce lien profond avec ce qui nous appartient depuis l’aube de l’humanité. C’est pourquoi la posture de zazen est essentielle, particulièrement dans notre époque saturée d’informations, d’ondes et de distractions. Zazen nous enseigne à choisir, à couper, à “éteindre le bouton”, à débrancher, et à renouer avec des informations plus fondamentales.
Ne plus se laisser abuser par quoi que ce soit — ni par le zen, ni par une religion, ni par la politique. Devenir un Bouddha, c’est cela : s’asseoir avec des Bouddhas, dans un retour à l’essentiel.