La condition du zazen est spécifique. Maître Deshimaru disait que parfois on peut fermer les yeux pour accentuer sa concentration, par exemple sur la respiration, ou quand on est très nerveux, pour se détendre. Mais la condition transmise du zazen inclut l’état d’éveil.
L’état d’éveil ça veut bien dire ce que ça veut dire. Quand on a les yeux fermés, on s’endort. On passe dans le monde du rêve.
On a fait des électroencéphalogrammes à maître Deshimaru en zazen. Les ondes du sommeil profond coexistaient avec les ondes du cerveau éveillé. C’est la spécificité de zazen. On garde les yeux ouverts et la posture change.
On garde les yeux ouverts, mais on se détache du sens de la vue. On n’utilise pas les yeux comme d’habitude.
Au contraire, on perçoit le côté vide des objets. Maître Wanshi dit dans un poème :
Il faut briller sans toucher l’objet.
Comme on garde les yeux ouverts, on voit ce qu’il y a autour de nous. On voit des dessins sur le mur, des formes. De ma place, je vois le dojo, l’autel, la cloche, tous les pratiquants. Mais on ne doit pas regarder objectivement.
« Briller », ça veut dire qu’on est conscients. On est conscients, mais on ne touche pas.
« Toucher », ça veut dire objectiver.
C’est très fin et très équilibré le zazen. Mais quand on pénètre dans la pratique traditionnelle, on découvre l’expérience de nombreux maîtres qui a été transmise jusqu’à nous aujourd’hui.