Published: 15/11/2014 | Updated: 18/11/2024
“Devenir un Bouddha” n’est pas un concept abstrait. C’est une expérience, une pratique où l’on mobilise la totalité de son être : corps et esprit. Cette expérience implique d’utiliser 100 % de son corps et 100 % de son esprit, sans réserve. En d’autres termes, devenir un Bouddha signifie s’abandonner complètement, donner tout, sans retenue.
Lorsque l’on prend correctement la posture, on peut s’abandonner dans sa verticalité. Cela établit une relation profonde avec la gravité : on abandonne le poids du corps vers le bas, tout en libérant l’esprit vers le haut. Les maîtres zen appellent cela “shinjin datsuraku”, ou “se dépouiller du corps et de l’esprit”. Cette alchimie entre posture, gravité et abandon constitue le cœur du zazen.
La posture est essentielle et doit être pratiquée avec patience et rigueur. Elle doit être corrigée encore et encore, autant de fois que nécessaire. Comme le soulignait Maître Deshimaru, une posture incorrecte ne doit pas être tolérée, car elle constitue le fondement même de la pratique. “Devenir un Bouddha”, c’est d’abord un processus physiologique : posture, respiration et attitude de l’esprit.
Contrairement à ce que beaucoup pensent, l’attitude de l’esprit ne vient pas en premier. Elle découle naturellement d’une posture correcte et d’une respiration profonde. Lorsque vous redressez la colonne vertébrale, étirez la nuque, rentrez le menton, poussez le sol avec vos genoux, basculez le bassin et respirez profondément, les pensées ordinaires disparaissent d’elles-mêmes. Cependant, d’autres pensées surgissent — des pensées qui émergent du subconscient, se libèrent, puis disparaissent.
Cette libération de la pensée est essentielle. Les pensées enfouies, souvent à l’origine de nos tourments inconscients, remontent à la surface pour se dissiper. Le zazen permet de laisser passer ces pensées sans s’y attacher, sans les entretenir. Comme disait mon maître, “laissez passer les pensées, comme des nuages qui traversent le ciel, tandis que la montagne reste immobile”.
Quand vous êtes en zazen, vous êtes cette montagne : immobile, tranquille, enracinée. Vous observez, vous laissez passer les pensées, vous respirez. Ce processus nettoie l’esprit de ses préoccupations et inquiétudes, offrant une paix profonde. Cette pratique se fait naturellement, inconsciemment, sans effort. Le zazen est ainsi une voie pour se libérer, se purifier et s’éveiller.