Le zen que nous pratiquons ici est un enseignement qui se transmet de maître à disciple depuis 2500 ans. Le maître montre à son disciple comment faire, comme ceci, comme cela. Il y a beaucoup à apprendre, et il enseigne à son disciple pendant quinze, vingt ans. Ensuite, le disciple succède au maître et recommence à enseigner à ses disciples, jusqu’à aujourd’hui.
C’est une transmission orale, difficile à apprendre dans les livres. Tous les maîtres se sont transmis cet enseignement jusqu’à moi. Il y a eu 84 successeurs ou quelque chose comme ça. Ils ont dit que l’essence de l’enseignement du Bouddha, qui a donné des conférences, dont les paroles ont été notées dans des sutras, c’est l’expérience de la posture de Bouddha. Za est un terme japonais qui signifie « s’asseoir », et « zen », qui vient de Dhyāna, qui est la posture du lotus, la posture du Bouddha.
Quand on se demande ce qu’est un Bouddha, un Bouddha, c’est un Bouddha parce qu’il a les jambes repliées en lotus, les mains posées d’une certaine manière. Parfois, il fait des gestes avec ses mains, mais cela relève du folklore. L’important, c’est le zazen. C’est un secret, un patrimoine mondial de ce qui nous reste de notre humanité. Nous sommes nombreux, mais nous sommes toujours confrontés dans nos vies à l’incertitude de la direction à suivre. Nos grands-parents, nos parents, nous-mêmes, et nos enfants aussi. Les êtres humains ne savent souvent pas comment penser ou réagir, ils n’ont pas de centre, de boussole pour les guider. Le zazen est le plus important, c’est notre esprit éternel. C’est l’union de notre personnage social, notre être karmique, avec notre dimension divine et éternelle. C’est ça, le zazen. C’est comme une douche qui enlève toutes les impuretés de notre corps, nous faisant nous sentir mieux et frais. C’est presque une hygiène de vie.
Marche méditative
La marche est aussi très importante, elle fait partie de la cérémonie du zazen. Vous pouvez continuer à méditer en marchant, ce qui vous permet de retrouver cet état d’esprit rapidement dans la vie quotidienne. Si vous vous énervez, vous pouvez expirer un peu et instantanément retrouver le calme. C’est quelque chose dont vous avez besoin, inconsciemment. Mettre les mains ensemble signifie la connexion entre notre divinité et nous-mêmes.
Cérémonie zen
Nous faisons une cérémonie après le zazen, souvent le samedi. Le matin, en général, nous chantons juste un sutra. Je voudrais vous parler de cette cérémonie et expliquer cette statue de Bouddha. Ce n’est pas un fétiche ou un porte-bonheur, mais une marque de respect, ou un repère, comme les panneaux de signalisation en montagne.
La statue représente le bodhisattva Manjusri, symbole de l’éducation dans le dojo. Il tient une épée dans la main droite, symbolisant la capacité de trancher les doutes, et une fleur de lotus dans la main gauche, symbolisant la compassion, la douceur et l’amour. C’est l’enseignement du dojo. On ne se prosterne pas devant la statue, mais nous faisons une cérémonie où nous nous saluons, brûlons de l’encens, etc. Les gestes de prosternation sont similaires dans de nombreuses religions. Ils sont puissants et universels, symbolisant notre connexion à la terre.
Les pieds de tous les êtres humains pointent vers le centre de la Terre, tandis que chaque tête pointe dans une direction différente. Cela peut nous rendre un peu fous, car nous ne sommes pas toujours d’accord avec les autres. Mon maître disait que si tous les présidents faisaient cela, ils trouveraient du sens. Se prosterner, c’est ramener notre tête vers notre origine commune. C’est une pratique qui fait du bien, énergétiquement et spirituellement.
Kyosaku, le bâton d’éveil
Le kyosaku, un bâton utilisé pour corriger la posture pendant le zazen, est aussi important. Dans un dojo traditionnel japonais, une ou deux personnes marchent et corrigent ceux qui bougent. Mon maître, expert en kendo et judo, utilisait le kyosaku comme un massage, stimulant les points d’acupuncture. Ceux qui veulent recevoir le kyosaku le demandent en levant les mains, et il est donné gentiment.
J’espère avoir expliqué tout ce qui se passe dans un dojo. Si vous avez des questions, n’hésitez pas.
J’adore le zazen, à 65 ans, je suis très attaché à cette pratique qui m’équilibre et me donne de la force.