Cette posture d’immobilité

2024 03 15 posture immobilite
Kusens de Maître Kosen
Cette posture d’immobilité
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Par rapport aux autres religions ou aux autres pratiques, aux autres philosophies, deux choses distinguent le zazen : le silence et l’immobilité. On ne connaît pas d’autre moyen de rentrer dans le silence et l’immobilité que de prendre cette posture géométriquement parfaite. En yoga, on l’appelle la posture parfaite, la posture du lotus où la colonne vertébrale est bien ajustée. Et cette attitude même exprime le silence et l’équilibre.

Il n’y a aucun moment dans la vie où l’on s’arrête de bouger ou de penser. Même pendant la nuit, on rêve. Avant de s’endormir, on pense, souvent. Le fait de prendre cette posture d’immobilité et de silence est une profonde révolution, pour le cerveau et pour l’esprit.

Gardez la pointe de la langue contre le palais, derrière les dents. Respirez par le nez, tout comme en marche kin-hin. L’expiration est plus longue que l’inspiration. On se vide, on donne d’abord et ensuite, inconsciemment, on reçoit. Les coudes sont légèrement écartés du buste.

Silence et immobilité

Je parlais du silence et de l’immobilité. C’est très puissant d’incarner le silence et l’immobilité de soi-même. En même temps, en zazen, les pensées inconscientes se manifestent. Pendant la vie quotidienne aussi, les pensées de l’inconscient se manifestent, mais on n’y prête pas attention. De même que quand il y a beaucoup de bruit, beaucoup d’agitation, on n’est pas conscient de tout. S’il y a une mouche qui vole dans la pièce, on n’y fait pas attention. Par contre, en zazen, si on est assis dans une pièce et qu’il y a une mouche, on la distingue tout à fait. Elle peut même prendre beaucoup d’importance.

posture immobile

Donc il y a des pensées qui sortent du subconscient. Il faut les laisser sortir, les laisser s’exprimer, les laisser passer. Elles passent naturellement, si on ne les entretient pas. Il est important d’apprendre à ne pas entretenir les pensées, ni de les fuir. Il ne faut pas essayer de les arrêter par la force. Si on se dit absolument : « Je ne veux pas penser », ça devient une pensée en elle-même.

Donc on laisse passer les pensées. C’est comme des nuages dans le ciel ou autour d’une montagne. Les nuages passent. Par moment, ils cachent le sommet de la montagne, mais ils passent, ils finissent par se dissiper. Et le silence se fait naturellement, inconsciemment, naturellement, automatiquement.

La posture

Pour ce qui est de l’immobilité, il faut vérifier les points importants de la posture régulièrement. En premier, ce qu’on observe, c’est la position des mains. Si elle est correcte. Les pouces doivent être en contact l’un avec l’autre. Juste en contact, pas trop écrasés, pas trop serrés. On doit les maintenir à l’horizontale. Ils ne doivent pas tomber vers le bas ni monter vers le haut. La position des mains est très spécifique et on doit tendre vers la perfection. La position des mains forme un ovale.

Beaucoup de choses s’expriment dans les mains parce que quand on est éveillé, on utilise sans cesse les mains. C’est un prolongement de notre cerveau. Quand on reste immobile, les mains dans la position du zazen, elles ont du mal à arrêter de s’exprimer, à se calmer. Tout ça, on l’observe, on le corrige.

La posture des jambes

Les jambes aussi sont une partie importante. Les jambes et le bassin. Les genoux doivent presser contre le sol. Si on prend la position du lotus complet, les pieds eux-mêmes pèsent sur les cuisses qui poussent les genoux contre le sol. Donc, plus on se relâche, plus on a de pression, plus on a de force dans les jambes. C’est contradictoire. Les contradictions sont embrassées, même à travers le corps. Tout se complète. Le yin et le yang s’harmonisent.

Observez aussi vos épaules. On a tendance à les contracter. Si vous vous remarquez une contraction, vous le vous relâchez les épaules vers le bas.

La posture du bassin

Le bassin est basculé vers l’avant. Il faut bien s’asseoir sur le zafu. Basculez vers l’avant au niveau de la cinquième vertèbre lombaire, c’est-à-dire, la première vertèbre mobile au-dessus du sacrum. La cambrure ne doit pas être exagérée, elle doit être naturelle.

Autre point important : la nuque. C’est comme si vous aviez une fenêtre qui s’ouvre de bas en haut. Vous voulez ouvrir cette fenêtre derrière votre nuque.

À force de se remémorer et de porter son attention sur tous les points de la posture un jour, dix jours, un mois, un an, dix ans, 100 ans, cette posture s’incruste, prend racine en nous. Elle devient naturelle. On la prend sans effort.