Published: 12/11/2017 | Updated: 26/10/2024
Quand on ne connaît pas quelque chose, on a tendance à le comparer avec quelque chose qu’on connaît déjà. On se demande alors : « Qu’est-ce que c’est le zazen ? »
On répond :
– Le zazen, c’est une prière.
– Je connais la prière, j’ai déjà appris.
Ou bien :
– Zazen, c’est une méditation.
– Je connais la méditation. J’ai déjà lu un article sur la pleine conscience.
Mais pour découvrir quelque chose de nouveau, qu’on ne connaissait pas avant, c’est plus difficile. Mon maître Taisen Deshimaru disait tout le temps :
Si vous êtes une bouteille à moitié pleine, je ne peux pas vous verser l’eau pure du zen dans votre bouteille à moitié pleine de vieux vin.
Donc, il faut d’abord vider son esprit, vider ses préjugés et expérimenter quelque chose qu’on n’a jamais expérimenté avant.
C’est merveilleux, les premières sensations, les premiers souvenirs. Il est prouvé scientifiquement que découvrir quelque chose de nouveau régénère même les anciens neurones.
Même si vous avez un instructeur qui essaye le plus sincèrement possible de vous expliquer quelque chose que vous ne connaissez pas encore, tant que vous ne l’aurez pas expérimenté vous-même, même un million de mots ne pourront pas vous aider.
Il y a deux choses que j’ai essayé de vous dire.
Zazen est subjectif
Tout d’abord, que le zazen est subjectif. Il faut tourner sa lumière vers l’intérieur. On regarde, on ressent les choses de l’intérieur. Celui qui est derrière vos yeux, c’est lui qui va expérimenter, essayer.
Zazen, c’est la posture
Ensuite, le zazen, c’est seulement la posture, c’est seulement prendre la posture exacte. C’est la posture elle-même qui va expérimenter le zazen. C’est physiologique. Nous n’avons pas la même conscience selon la posture de la tête, par exemple. Si on a la tête en avant ou si on regarde à gauche, ou si on regarde à droite, on n’a pas la même conscience que quand la tête est droite et bien en alignement avec la colonne vertébrale.
On n’a pas la même sensation si on n’est pas assis sur un coussin avec les genoux plantés dans le sol, le bassin basculé naturellement. On ne peut pas avoir le même abandon du corps dans n’importe quelle autre posture, ce n’est pas pareil. Tous les points de la posture sont importants. Vous devez penser avec votre corps.
Quand vous avez méthodiquement passé en revue tous les points de la posture : menton rentré, nuque étirée, main gauche dans la main droite, coudes légèrement écartés du corps, colonne droite, bassin basculé, genoux plantés dans le sol, pousser la terre avec les genoux, pousser le ciel avec la tête, le regard posé à 45 degrés vers le sol, les oreilles sur le même plan que les épaules, le nez et le nombril sur une même ligne. Vous passez en revue tous ces points pour voir s’ils sont correctement pratiqués.
Les pouces ne doivent pas tomber ni aller vers le haut. Ils doivent être bien en contact, horizontalement. Vous ressentez tout ça intérieurement, subjectivement.
Une fois que vous avez bien tout passé en revue, à partir de cette posture de Bouddha – parce que c’est la posture du Bouddha, de votre Bouddha – vous commencez à observer votre respiration, vous essayez de détendre les muscles.
Normalement, quand on est assis en lotus correctement dans la bonne posture, aucune tension musculaire n’est nécessaire. Tout s’équilibre. Tension et détente sont parfaitement équilibrées. On lâche tout, même les jambes. Même le bassin.
C’est vraiment cette sensation de se dépouiller du corps qui est très importante et très agréable, très indispensable.
La respiration, c’est une longue expiration en relâchant la masse abdominale vers le bas. À la fin de l’expiration, vous ouvrez le diaphragme, vous laissez l’air vous remplir et vous recommencez une longue expiration. On lâche, on ouvre, on reçoit. On laisse l’air nous remplir les poumons. De temps en temps, on vérifie si les points de la posture sont respectés. Étirez bien la nuque. Ouvrez bien derrière la nuque.