48e phrase du Shinjinmei

shinjinmei 48
Kusens de Maître Kosen
48e phrase du Shinjinmei
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Published: 16/04/2016 | Updated: 05/06/2024

La 48ᵉ phrase du Shinjinmei avait été commentée par mon maître dans les années 70.

Si notre corps lui-même réalise profondément l’unité, nous pouvons alors couper instantanément toutes les relations.

Je vous lis les commentaires de Maître Deshimaru, qui sont typiques de son enseignement. Il dit que c’est une phrase très difficile à traduire en français, enfin en anglais, puisqu’il parlait en anglais.

Le monde où toute notion de but et d’objet est abandonnée.

C’est un peu le contraire de ce qui se passe dans notre monde actuel, où seule la notion de but et d’objet est valorisée et considérée. Il insiste bien sur ce point : le monde du zen, où toute notion de but et d’objet est abandonnée.

Justement, j’ai retrouvé sur Facebook une petite interview de Maître Deshimaru que je connaissais déjà, mais que j’aime bien réécouter, pour entendre sa voix et la manière dont il enseigne, et retrouver la fraîcheur de son enseignement. Il parle du mushotoku, sans but. Donc, je vais continuer à vous lire. Alors il dit :

Ça, c’est le zen sans but. Tout objet abandonné, c’est la dernière étape de notre vie.

Cela me rappelle ma jeunesse. Avec mon meilleur ami, nous étions passionnés par le zen et son enseignement. Et alors, quand nous nous asseyions en zazen, nous disions que c’était la dernière étape, l’ultime étape.

48e phrase du shinjinmei

C’est aussi la signification du kesa noir. Sensei disait que Dôgen avait toujours porté un kesa noir, et il disait que c’était la dernière couleur, la dernière station. C’est la philosophie de mushotoku. J’aimais bien cette expression : la dernière station, la dernière étape.

Donc, sans cet abandon ultime de tout but, on ne peut pas réaliser l’unité. Et je ne parle pas d’unité personnelle, je parle d’unité universelle. La vérité, c’est que quand on réalise cette unité universelle, qu’on coupe les différences entre le monde et soi, entre la réalité et soi-même, la pratique devient centrée et juste. Et là, on atteint la conscience avec laquelle on aurait la possibilité d’obtenir tout ce qu’on souhaite.

Mais dans cet état d’unité, on ne peut rien souhaiter puisqu’on est toute chose. L’unité ne peut pas souhaiter autre chose, puisqu’elle est la totalité. En même temps, on ne peut pas atteindre l’unité tant qu’on a un but, tant qu’on a une conscience personnelle. C’est très intéressant.